Les tribulations de l'OPA Castorama

Les récents émois provoqués par l'OPA de Kingfisher sur Castorama ont encore une fois démontré le rôle primordial occupé par les banques d'affaires dans des opérations de fusion-acquisition.Jean-Hughes Loyez, le président de Castorama, a dénoncé l'offre et récusé Schroder Salomon Smith Barney, qui a été chargé par Kingfisher de délivrer un certificat d'équité sur le prix de l'offre. Pour Castorama, SSSB ne serait pas indépendant à cause de sa relation privilégiée avec Compass, dont le président Francis MacKay, est aussi président de Kingfisher.L'emploi de cette tactique rappelle les tentatives faites par l'allemand Mannesmann quand, en décembre 1999, il essayait de se défendre contre l'OPA hostile de Vodafone. Mannesmann avait affirmé que Goldman Sachs, qui représentait alors Vodafone, avait utilisé des informations confidentielles obtenues alors que la banque était conseillère de Mannesmann. Bien que les deux affaires soient différentes sur le fond, la forme est la même: on essaie de gagner l'avantage sur l'adversaire en déstabilisant sa banque d'affaire plutôt qu'en se battant sur le fond de l'offre.Jusqu'à présent, le challenge juridique de Castorama a plus été perçu comme une nuisance qu'un réel danger. Cependant, cela pourrait exercer une forte pression sur l'agenda bien rempli de Kingfisher, qui n'a que 14 semaines pour mener à bien son augmentation de capital de 2 milliards de livres. En effet, SSSB ne peut pas commencer sa mission avant d'avoir reçu l'accord écrit des deux parties, une hypothèse hautement improbable à l'heure actuelle... D'autant que si les arguments de Castorama sont retenus par le tribunal, un nouveau processus de désignation devra être lancé et l'assemblée générale extraordinaire convoquée par Kingfisher pour le 7 juin ne disposera pas de ces éléments pour voter son approbation.Pour revenir sur l'argumentation soutenue par Castorama, prenons le cas d'une autre banque qui était sur la liste des candidats possibles, Dresdner Kleinwort Wasserstein. Si l'on suit la logique défendue par Loyez, DKW serait aussi un choix discutable, car la banque avait conseillé Compass lors de la vente de ses hôtels Méridien. Par ailleurs, Compass a également été conseillé par CSFB et Goldman Sachs par le passé. En réalité, il est virtuellement impossible qu'une entreprise de taille importante n'ait pas eu de relations professionnelles avec une des principales banques d'affaires.
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