Le Crédit Agricole ne tiendra pas ses objectifs pour 2002

Les participations étrangères du Crédit Agricole vont peser sur les comptes 2002. C'est ce qui ressort des commentaires émis par Jean Laurent, le directeur général de Crédit Agricole SA, lors de la réunion de présentation des résultats semestriels. Par conséquent, la banque "n'atteindra pas les objectifs de 5 à 10%" de croissance de son résultat en 2002. "Dès lors qu'IntesaBCI a annoncé au premier semestre un plan stratégique qui se traduit notamment par 680 millions d'euros de moins, le deuxième semestre [du Crédit Agricole] ne compensera pas le premier", a précisé Jean Laurent.Car c'est bien le premier semestre qui est en cause, comme l'ont montré les chiffres publiés dans la matinée. Le bénéfice net consolidé part du groupe de Crédit Agricole SA, le véhicule coté du groupe mutualiste (qui inclut 25% des caisses régionales, les activités centrales, celles de banque d'affaires et les filiales étrangères), a en effet reculé de 26,9% à 576 millions d'euros par rapport aux six premiers mois de 2001 (pro forma).Le produit net bancaire s'est pour sa part tassé de 6,9% à 2,881 milliards d'euros et le résultat brut d'exploitation a baissé de 9% à 902 millions. Quant au rendement des fonds propres (sur une base annualisée), il a reculé à 10% contre 13% à fin décembre 2001. Un premier semestre en deçà des attentesLes chiffres sont plutôt décevants par rapport aux attentes des analystes interrogés par Reuters. Pour le résultat net notamment, ils tablaient sur une prévision médiane de 671 millions d'euros. Il est vrai que ces pronostics avaient été formulés avant l'annonce, lundi dernier, de très mauvais résultats par l'établissement italien IntesaBCI, dont le Crédit Agricole détient 16% du capital. Du fait des lourdes provisions passées pour se restructurer, Intesa n'a donc pu verser à Crédit Agricole SA qu'une contribution de 18 millions d'euros contre 243 millions au premier semestre 2001.Outre cette "baisse significative" de la contribution de la banque italienne, le Crédit Agricole relève également l'impact de la crise argentine sur ses comptes. La banque Verte ayant décidé de se désengager complètement de sa filiale locale, Banco Bisel, il lui a fallu supporter une charge de 106 millions d'euros, "dont une partie représente le passage en compte de résultat d'une perte de change constatée au bilan en 2001", explique le communiqué de l'établissement. Toutefois, Jean Laurent a insisté sur le fait qu'en dehors de l'Italie et de l'Argentine son établissement a enregistré des résultats plus convaincants. "On est même un peu en avance sur le plan de marche pour le reste", a-t-il déclaré.Certes, en banque de grande clientèle, le produit net bancaire a baissé de 5,9% à 1,322 milliard d'euros, tandis que les charges d'exploitation ont augmenté de 7,4% et que le résultat brut d'exploitation a reculé de 2,1% à 381 millions. De meilleurs chiffres en France qu'à l'étrangerMais l'activité en France, qui constitue bien sûr le coeur du groupe, s'est bien portée au premier semestre. Ainsi, le produit net bancaire du pôle banque de proximité a augmenté de 9,3% à 400 millions d'euros, tandis que le résultat brut d'exploitation progressait de 11,3% à 168 millions. Le résultat net avant amortissement des écarts d'acquisition augmente de 27% à 268 millions d'euros. Progression satisfaisante, également, pour la gestion d'actifs, les assurances et la banque privée, avec un produit net bancaire en hausse de 7,4% à 741 millions d'euros. Néanmoins, cette performance est annulée par une hausse des charges de 15%, si bien que le résultat brut d'exploitation est resté stable (+0,9%) à 328 millions d'euros. Le résultat net avant amortissement des écarts d'acquisition a progressé de 12,4% à 226 millions. Par ailleurs, en ce qui concerne l'ensemble du groupe Crédit Agricole (y compris les caisses régionales prises en compte à 100%), le bénéfice net consolidé part du groupe est ressorti en hausse de 14% à 1,104 milliard d'euros. Le produit net bancaire est resté stable à 7,899 milliards (+1%), comme le résultat brut d'exploitation (+0,8%) à 2,691 milliards d'euros. Pas de nouvelles sur le Crédit LyonnaisEnfin, en marge des résultats, il était évident que les professionnels souhaiteraient en savoir plus sur ses projets concernant un éventuel rapprochement avec le Crédit Lyonnais. Selon Le Figaro de jeudi, les discussions entre les deux établissements porteraient maintenant sur une prise de contrôle du Lyonnais à 100%, et non plus seulement sur un renforcement des 10% actuellement détenus par le Crédit Agricole. Le projet serait alors de laisser leur autonomie aux deux réseaux, mais de rapprocher les activités de banque d'investissement, de gestion de fonds, de grande clientèle, etc..Voulant éviter que son auditoire se focalise sur ce dossier, Jean Laurent a rapidement fait le point sur le sujet. Le jeu "reste très ouvert et tous les scénarios sont envisageables", a-t-il indiqué en faisant référence à un rapprochement ou à un statu quo. "Nous n'avons pas de calendrier. Nous ne pouvons dire lequel de ces scénarios pourrait aboutir", a-t-il enfin ajouté pour couper court à toute question sur le Crédit Lyonnais.A la Bourse de Paris, l'action Crédit Agricole SA fait les frais des résultats et des perspectives annoncés. En clôture, elle lâche 9,9% à 18,65 euros, ramenant à 4,8% ses gains sur l'année.
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