Les journalistes du "Wall Street" ne veulent pas retourner à Manhattan...

C'est une pilule difficile à avaler pour la direction du WSJ qui se prépare à réintégrer, d'ici la fin de juillet, le World Financial Center - un édifice surplombant l'énorme cratère sur l'emplacement duquel s'élevaient les tours jumelles du World Trade Center : cette semaine, un groupe de reporters a présenté à la direction du quotidien les résultats d'un sondage révélant qu'une large partie du personnel est opposée à cette réinstallation : sur 175 sondés (principalement des journalistes), 126 - soit 72% - ont répondu qu'ils préféreraient que le journal s'installe ailleurs. Dans le détail, une grosse proportion (77%) s'inquiète des risques qu'ils encourent pour leur santé et se pose toujours des questions sur la qualité de l'air. "Nous ne savons vraiment pas quoi penser, se plaint un des sondés. Pourquoi la direction veut-elle faire de nous des cobayes?" A ces soucis d'environnement s'ajoute une composante psychologique de taille : 36% des sondés affirment que c'est le traumatisme causé par les attentats qui est responsable de leur refus de réintégrer le district financier. "C'est l'endroit d'où j'ai pris mes jambes à mon cou pour sauver ma peau le 11 septembre dernier, explique un autre journaliste. Je ne veux pas retourner là chaque jour." Tout cela alors que la main noire du terrorisme n'a pas cessé depuis de peser sur la rédaction avec l'assassinat au Pakistan, en début d'année, d'un ses reporters, Daniel Pearl. Malgré ce vent de fronde, la direction a choisi de rester ferme : à partir de fin juillet, Dow Jones, la société propriétaire du WSJ, recommencera à payer un loyer à son propriétaire du World Financial Center, Brookfield Financial Properties. Et elle y sera pour quelques années puisque le contrat, renouvelable, expire en 2005.... "Nous avons été fondés en 1889 dans le district financier de Manhattan et nous entendons bien y rester. Nous retournons donc dans les bâtiments du World Financial Center comme prévu", affirme Steve Goldstein, un porte-parole de la direction.Celle-ci a d'ailleurs derrière elle un minorité (20%) qui s'avère impatiente de retourner au bercail. Un de ses principaux griefs est qu'elle en a assez de faire la navette entre New York et le New Jersey, généralement snobé par les habitants de Manhattan qui surnomment les banlieusards les "bridges and tunnels people". "Je préfère porter un masque à gaz pour aller travailler plutôt que passer ma vie dans les trains de banlieues, les bus, les ponts, les tunnels ou le péage de l'autoroute du New Jersey" se plaint un impatient. Un autre affirme même : "Je veux retrouver mon bureau exactement tel qu'il était avant mon départ..."Preuve que, malgré la gravité de cette attaque terroriste - près de 3.000 morts - tout le monde ne se défait pas de ses habitudes...
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