Entre objectifs revus à la hausse et prévision de pertes, ce sont des chiffres et un discours pour le moins déroutants que vient de délivrer Lufthansa. En premier lieu, et comme l'a fait British Airways la veille (voir ci-contre), la compagnie a confirmé que le secteur du transport aérien se remettait bien de la crise du 11 septembre.Grâce à des réductions de coûts ayant fait reculer les dépenses opérationnelles de 0,8% en un an, le bénéfice opérationnel de la compagnie a véritablement explosé sur les neufs premiers mois de l'année. Attendu aux alentours de 611 millions d'euros par le consensus Reuters, il est finalement ressorti à 790 millions d'euros, en hausse de 172,4%. Mieux encore, il est bien supérieur aux 500 millions d'euros pronostiqués jusqu'ici par le groupe pour l'ensemble de l'année. Le chiffre est de 458 millions d'euros sur le seul troisième trimestre, après les 332 millions du premier semestre.Le bénéfice net est de la même qualité. Il a plus que quintuplé sur neuf mois à 344 millions d'euros. Force est donc de constater un net redressement de la rentabilité du groupe puisque dans le même temps le chiffre d'affaires a gagné 2,7%, à 12,64 milliards d'euros.Autre motif de satisfaction en ces temps économiquement incertains, l'endettement a été ramené de 3,78 à 2,1 milliards d'euros depuis décembre, faisant tomber le gearing (endettement comparé aux fonds propres) de 88,6 à 51,6%.Le marché devrait donc afficher un total optimisme, d'autant qu'ayant dépassé ses objectifs, le groupe s'en est fixés de nouveaux, plus élevés. Seulement, ces nouveaux pronostics ne traduisent pas une entière confiance du groupe vis-à-vis de son proche avenir. Certes, le bénéfice net est attendu à 600, voire 650 millions d'euros. Ce qui laisse entrevoir une belle poussée sur les trois derniers mois de l'année. Mais en termes d'exploitation, les perspectives apparaissent beaucoup plus prudentes. Car en annonçant un bénéfice d'exploitation de 700 à 750 millions d'euros pour l'année, l'Allemand sous-entend qu'il compte réaliser une perte d'au moins 40 millions sur le dernier trimestre. "La stagnation de l'économie, l'instabilité politique et le déclin des voyages d'affaires demandent de l'attention", écrit le groupe qui dit devoir faire face à "des risques accrus au quatrième trimestre" et s'inquiète d'un possible changement de son régime de TVA. L'euphorie des neuf premiers mois fait donc bien place à une prudence non dissimulée pour le quatrième trimestre. Et encore, les prévisions ne tiennent pas compte d'éventuelles revalorisations salariales ou grèves, sur lesquelles pourraient déboucher les négociations menées actuellement avec le personnel.En Bourse, l'action reflète parfaitement le côté paradoxal de ces résultats. Après avoir ouvert en hausse de plus de 5%, elle se replie de 2,04% à 12,48 euros en fin d'après-midi.

latribune.fr

20 Oct 2008, 4:02

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