KPNQwest demande sa mise en faillite

La nouvelle n'étonnera personne, même si la dégradation de la situation a été très rapide. Huit jours après s'être placé sous la protection de la loi néerlandaise sur les faillites - obtenant ainsi un moratoire sur sa dette - KPNQwest a demandé officiellement au tribunal de Haarlem, où il est enregistré, "de convertir le moratoire en faillite". Dans un communiqué, l'opérateur de réseaux à haut débit explique que ses administrateurs judiciaires et sa direction ne sont pas parvenus à "assurer des rentrées de liquidités suffisantes pour répondre aux obligations actuelles" : en clair, les efforts entrepris pour vendre rapidement certains actifs non-stratégiques ont donc échoué et "la situation ne devrait pas changer au cours des 24 prochaines heures". La demande de mise en faillite devrait provoquer très rapidement une réaction en chaîne dans l'ensemble du groupe : "un certain nombre de filiales de KPNQwest en Europe vont aussi se placer sous la protection de leurs juridictions locales", prévoit le groupe, les seules exceptions étant les filiales portugaise, italienne et d'Europe centrale.Dès jeudi, KPNQwest avait recommandé à ses clients de rechercher des fournisseurs alternatifs. Désormais, il assure "travailler avec ses clients pour faciliter la mise en place de plans d'urgence, au cas où la situation actuelle entraîne une instabilité ou une fermeture totale" de son réseau EuroRings, qui dessert 60 villes dans 18 pays sur 25.000 kilomètres de fibre optique. Dans la matinée de vendredi, le patron du groupe, Jack McMaster, avait averti les directeurs des filiales que la maison-mère était désormais dans l'incapacité d'assurer leur financement. Tirant immédiatement les conséquences de cet état de fait, les filiales belge et suédoises avaient demandé leur mise en faillite sans attendre que leur maison-mère franchisse le pas. Vers une vente par appartements - La cotation de l'action KPNQwest a été suspendue à la Bourse d'Amsterdam en fin de matinée vendredi et le titre sera retiré jeudi prochain, 6 juin, de l'indice AEX des principales valeurs de la place néerlandaise. Il valait 0,31 euro lors des dernières transactions, portant la valeur boursière du groupe à 18 millions d'euros, contre 40 milliards au plus haut, début 2000. Ironie du sort : Euronext, la société qui gère la Bourse d'Amsterdam, est l'un des principaux clients de KPNQwest. Elle a d'ailleurs souligné que son contrat la protège de toute coupure du réseau, KPN s'étant engagé à pallier toute défaillance de sa filiale.Les chances d'éviter la faillite de KPNQwest diminuaient de jour en jour. Administrateurs judiciaires et dirigeants estimaient jeudi entre trois et cinq semaines le délai nécessaire pour parvenir à une solution de reprise du groupe, qu'elle soit totale ou partielle. Un délai bien trop long pour permettre une poursuite de l'activité. Plusieurs noms d'opérateurs européens ou américains susceptibles de participer à une vente par appartements de KPNQwest ont été cités, au premier rang desquels l'Américain AT&T, qui préparerait, selon selon le site Internet spécialisé Total Telecom, une offre formelle de reprise d'un montant de 200 millions de dollars. Les noms d'un autre Américain, Verizon, de l'Espagnol Telefonica et du Britannique Cable & Wireless ont également été évoqués, même si aucun d'entre eux n'a manifesté officiellement son intérêt. Depuis sa création en 1998 par KPN et l'Américain Qwest, KPNQwest a accumulé une dette de deux milliards d'euros, qu'il est aujourd'hui dans l'incapacité d'honorer. Des porteurs d'obligations du groupe représentant près du quart de la dette obligataire globale (qui atteint 1,5 milliard d'euros) se sont constitué en association pour "protéger leurs intérêts" et enquêter sur les circonstances ayant conduit à la faillite.
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