IBM rachète PwC Consulting

Sam Palmisano, qui a pris la tête d'IBM il y a cinq mois, n'avait pas encore marqué de son empreinte la stratégie du premier groupe informatique mondial. Cette fois, c'est fait : il a conclu mardi la plus importante acquisition de l'histoire de "Big Blue", en annonçant le rachat, pour 3,5 milliards de dollars en cash et en titres, de PricewaterhouseCoopers Consulting, la branche de conseil du célèbre cabinet d'audit. Nul doute qu'IBM, qui cherche à accentuer sa diversification dans les services, son activité de loin la plus rentable, a su profiter du séisme qui secoue le secteur de l'audit. Le scandale Enron, fatal à Andersen, pousse les grands acteurs de ce marché à séparer nettement leurs activités d'audit de celles de conseil. PricewaterhouseCoopers (PwC) projetait initialement d'introduire en Bourse PwC Consulting - il l'avait même rebaptisé "Monday" il y a deux mois. Le krach boursier rampant a sans doute facilité la tâche d'IBM, dont l'offre a évité à PwC les affres d'une mise sur le marché loin d'être réussie d'avance.Et IBM s'en sort plutôt bien sur le plan financier : pour mettre la main sur PwC Consulting, qui emploie 30.000 personnes et réalise un chiffre d'affaires de 4,9 milliards de dollars, le groupe déboursera à peine plus d'un cinquième des 18 milliards de dollars offerts par son grand concurrent Hewlett-Packard (HP) en octobre 2000. HP a depuis changé son fusil d'épaule, préférant se renforcer dans le hardware par le biais de sa fusion avec Compaq. Le directeur financier d'IBM, John Joyce, a précisé que le groupe verserait à PwC 2,7 milliards de dollars en numéraire, 400 millions en titres et 400 millions en obligations convertibles. L'opération devrait selon lui occasionner une charge exceptionnelle de 30 cents par action au quatrième trimestre de cette année, et avoir un effet positif sur le bénéfice du groupe dès le quatrième trimestre de 2003. Il estime qu'à la fin 2004, l'ex-PwC Consulting enregistrera une croissance à deux chiffres de son activité "et une marge comparable à celle du reste d'IBM Global Services". Malgré ces prévisions, l'action IBM était en recul en milieu de séance mercredi à Wall Street, cédant 2,4% à 70,08 dollars. Pour Steven Milunovich, de Merrill Lynch, "l'accord semble solide, à la fois stratégiquement et tactiquement". L'analyste souligne que les positions de PwC sur les segments des ERP (progiciels de gestion intégrée), du CRM (gestion de la relation client) et du SCM (gestion de la chaîne d'approvisionnement) complèteront celles d'IBM. "L'accord reflète aussi la confiance d'IBM dans le retour à la croissance du secteur", ajoute-t-il.Les 30.000 salariés de PwC Consulting rejoindront les 150.000 personnes travaillant pour IBM Global Services, la très puissante branche de service du groupe. Le nouvel ensemble, avec un chiffre d'affaires estimé de 40 milliards de dollars, se rapprochera ainsi du numéro un mondial du secteur, Accenture, l'ex-Andersen Consulting, et distancera son suivant immédiat, EDS. La branche conseil de HP, bien qu'ayant doublé de taille après la fusion avec Compaq, est loin derrière avec 15 milliards de dollars de chiffre d'affaires.L'acquisition, qui dépasse, pour IBM, celle de Lotus en 1995 (pour 3,2 milliards de dollars), doit encore être soumise aux autorités de la concurrence. IBM doit aussi examiner ses conséquences sur ses relations avec l'auditeur actuel de ses comptes, qui n'est autre que PwC.
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