Le dossier MobilCom tourne au poker menteur

Info ou intox ? La question reste ouverte après la rupture unilatérale par France Télécom de l'accord de coopération le liant à sa filiale à 28,5% MobilCom. En officialisant sa rupture avec Gerhard Schmid et le conseil de surveillance qui avait refusé de l'évincer vendredi, Michel Bon a pris une décision essentiellement symbolique. Les deux hommes étaient en conflit ouvert depuis longtemps, et la décision de France Télécom de maintenir un soutien financier "limité" au troisième opérateur mobile allemand ne menace pas la survie de celui-ci à très court terme. Reste l'échéance de la fin juillet, date à laquelle MobilCom est censé rembourser un emprunt bancaire de 4,7 milliards d'euros, ce qu'il est évidemment tout à fait incapable de faire. Gerhard Schmid étant sous tutelle depuis l'assemblée générale d'il y a deux semaines, les seules négociations qui comptent, désormais, sont donc ouvertes entre France Télécom et les banques créancières du groupe. La solution idéale, pour les analystes, consisterait à ce que les créanciers (banques et grands fournisseurs, comme Nokia ou Ericsson) convertissent la dette de MobilCom en titres échangeables à moyen ou long terme en actions France Télécom. Le schéma retenu semble-t-il retiendrait un cours d'échange d'environ 50 euros. Ce plan assurerait la survie de MobilCom sans contraindre son actionnaire français à consolider sa dette. Reste à connaître les véritables intentions de Michel Bon. Son directeur financier, Jean-Louis Vinciguerra, a beau affirmer (ce mercredi sur Europe 1) que la rupture avec MobilCom "n'est pas du tout un coup de bluff", certains soupçonnent le géant français de vouloir pousser sa filiale à la faillite pour en ramasser ensuite la dépouille. Jean-Louis Vinciguerra a d'ailleurs reconnu que le dépôt de bilan n'était pas inévitable "si nous ne trouvons pas une solution raisonnable". Il ajoute même que "France Télécom peut vivre sans l'Allemagne" et que "nous ne comptons pas rester à tout prix en Allemagne". Le magazine allemand Wirtschaftswoche explique pour sa part que France Télécom veut faire baisser le cours de Bourse de sa filiale pour la racheter à bas prix. Le groupe aurait préparé un plan sur 100 jours prévoyant une fusion rapide entre MobilCom et Hutchison Telecom, la filiale allemande d'Orange, détaille l'hebdomadaire. Le projet prévoierait des coupes claires dans les dépenses et la suppression de 2.000 postes sur 6.100. De quoi préparer MobilCom a "participer à la consolidation du marché allemand", une perspective évoquée régulièrement par France Télécom ces derniers mois. Les observateurs évoquent ainsi la possibilité d'un rapprochement avec l'un des cinq autres détenteurs de licences UMTS, à commencer par E-Plus, la filiale de KPN, ou Viag Interkom, filiale du britannique mmO2 (ex-BT Wireless).La première priorité de France Télécom semble pour l'instant plus limitée : selon une source proche du conseil de surveillance de MobilCom citée par l'AFP, il est "très probable" qu'une prochaine réunion du conseil devrait révoquer Gerhard Schmid. La date de la convocation n'est pas encore fixée. Initialement prévue le 21 juin, la réunion pourrait être avancée. N'ayant raté la majorité qualifiée des deux tiers que d'une voix, France Télécom n'aura besoin, cette fois-ci, que de la majorité simple des douze membres.L'incertitude entretient naturellement la nervosité chez les investisseurs : après avoir perdu plus de 60% en deux jours, l'action MobilCom regagnait 6% en début de matinée à 6,51 euros. A Paris, France Télécom, en baisse de 5,52% en clôture hier, reprenait 2,41% vers 9h40 à 18,24 euros.
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