Les agences de notations n'ont que peu apprécié l'annonce faite mercredi par Qwest, signalant l'ouverture d'une enquête pénale par le bureau de l'Attorney de Denver. Moody's a dégradé la dette de l'opérateur de trois crans, passant de Ba2 à B2, se rapprochant donc du rang de "junk bonds". Fitch a ramené sa note de B à BBB- et devrait prochainement rabaisser cette note. "Même si Qwest n'a pas d'information supplémentaire sur l'enquête et son impact, on pense que couplée à l'investigation de la SEC, elle pourrait diminuer les chances de ventes des actifs dans le timing prévu", précise Fitch. S&P a également signalé qu'il serait sûrement amené à dégrader l'opérateur.Mercredi, Qwest a en effet lancé un nouveau pavé dans la mare des opérateurs télécoms. L'opérateur a fait savoir que le bureau de l'Attorney de Denver avait ouvert une enquête pénale sur son compte. Le groupe américain a assuré que l'objet exact de ces investigations ne lui avait pas été communiqué. "Qwest a l'intention de coopérer pleinement avec les services du procureur", s'est contenté de préciser le groupe dans un communiqué. A New York, la séance a été houleuse. Après avoir été suspendu quelques minutes, le titre a repris sa cotation et a terminé sa journée sur le Nasdaq en baisse de 31%, atteignant même un plus bas de 1,53 dollar en séance. Jeudi la dégradation fait tout son effet: le titre perd 9,60% à la mi-journée à 1,60 dollar.La nouvelle a en effet de quoi inquiéter. La SEC enquête déjà sur les comptes de l'opérateur depuis le mois de mars dernier. L'organisme de tutelle tente de savoir si l'opérateur aurait gonflé ses comptes grâce à des "swaps" de capacités sur son réseau de fibre optique. La pratique est courante entre opérateurs. Elle consiste à vendre à un concurrent des capacités de transport sur son propre réseau, tout en achetant des capacités de transport sur le sien. L'opération est logiquement comptabilisée comme chiffre d'affaires dans les comptes des deux parties prenantes ; reste à savoir si elle correspond à une prestation réelle de services. La SEC enquête également sur la vente d'équipements à des compagnies, à des moments coincidants avec des achats de services ou des prises de participation au capital de ces mêmes clients. Là aussi, il s'agirait d'une façon de gonfler les revenus. L'annonce tombe mal pour le groupe qui tente de redresser la barre. Souffrant d'un lourd endettement, il a récemment nommé un nouveau PDG ainsi qu'un nouveau directeur financier. Il a également simplifié son organigramme (lire ci-contre). Mais avec 26,6 milliards de dette, on le soupçonne d'être presque à court de liquidités. Qwest continue de faire tout pour céder sa branche annuaire, d'en l'espoir d'en tirer 9 milliards de dollars.

latribune.fr

20 Oct 2008, 2:41

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