Le malheur des uns fait le bonheur des autres. L'adage est remis en évidence par le marché ces derniers jours. Alors que WorldCom est dans la tourmente suite à la révélation de malversations comptables, l'action Equant est quant à elle en très nette hausse à la Bourse de Paris depuis deux séances. Après avoir bondi de 25% jeudi, elle gagne 10,36% à 6,07 euros vendredi en clôture.Le groupe français pourrait de fait profiter d'une éventuelle faillite de l'Américain. "Si WorldCom, son concurrent le plus difficile, dont Equant s'est souvent plaint qu'il était le premier à casser les prix, disparaît, c'est un boulevard pour Equant. On peut revoir en hausse les prix et les volumes", commentait jeudi un vendeur cité par Reuters. Un avis partagé par d'autres observateurs. "Mercredi, le titre a baissé avec l'ensemble des télécoms, mais il remonte jeudi parce que l'on se rend compte que WorldCom est le principal concurrent d'Equant et que s'il est en difficulté, ce sera un jour ou l'autre bénéfique pour Equant", renchérissait Antoine Joly d'Aurel-Leven.Sur ce marché de la téléphonie d'entreprise, le président du groupe américain Infonet Sevices Corp. avait déjà indiqué, dès mercredi, qu'il voyait dans les difficultés de WorldCom une opportunité pour la concurrence. Certes, plusieurs professionnels, tels les analystes de BNP Paribas, veulent rester encore prudents, soulignant qu'il est "difficile de faire une extrapolation de ces scandales financiers sur les autres opérateurs télécoms". Mais, face à un environnement commercial qui promet donc d'être un peu moins tendu, certains analystes ont d'ores et déjà décidé de réviser leur opinion. Ainsi, d'après des sources de marché, Julius Baer aurait relevé sa recommandation d' "alléger" à "achat" avec un objectif de cours de 6 euros, arguant que WorldCom exerçait une forte pression sur les prix.Cette éclaircie à l'horizon du groupe français ne doit cependant pas faire oublier que le début d'année ne lui a pas été vraiment favorable, en raison d'une réduction des budgets télécoms des entreprises et d'un moindre trafic. D'ailleurs, Equant a dû revoir à la baisse ses prévisions de chiffre d'affaires annuel et attend maintenant 3,1 milliards de dollars. Conséquence directe: malgré le sursaut actuel, l'action perd encore 55% sur l'année.

latribune.fr

20 Oct 2008, 5:23

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