Semaine chargée pour les médias et la publicité

Après les nombreux profit-warnings lancés en 2001 dans le secteur des médias, l'heure est venue de faire les comptes. Ce matin, ce sont RTL Group et Pearson qui ont donné le coup d'envoi de la vague de publication de résultats qui va déferler cette semaine. Et après un exercice 2001 qui a vu les dépenses publicitaires se tasser et accentuer leur baisse après le 11 septembre, le secteur devrait constater globalement une dégradation de sa rentabilité.Déjà ce matin, RTL Group a annoncé une perte nette de 2,5 milliards d'euros, contre un bénéfice de 67 millions un an plus tôt (voir ci-contre). Un chiffre dû en partie à des dépréciations d'actifs, mais la rentabilité en termes d'exploitation est elle aussi restée sous pression. L'Ebitda (solde proche de l'excédent brut d'exploitation) a reculé de 35% à 361 millions d'euros alors que le chiffre d'affaires a enregistré un repli bien plus limité de 2,6%.L'année a également été difficile chez le britannique Pearson en termes de rentabilité. Ce groupe, qui a lancé deux avertissements les six derniers mois, a vu son bénéfice net reculer de 12% à 294 millions de livres (483 millions d'euros), tandis que le chiffre d'affaires (en données constantes) a progressé de 15%. Les chiffres restent tout de même plus flatteurs chez Pearson que chez RTL. Car le Britannique n'a pas plongé dans le rouge et d'autre part son résultat est supérieur aux 271 millions de livres attendus par les analystes.La tendance ne devrait guère être différente chez TF1 qui va publier ses résultats définitifs ce soir après la clôture. En janvier, le groupe avait déjà précisé que ses recettes publicitaires avaient reculé de 4,7% sur l'année. Plus décevant encore que ce tassement prévisible, TF1 avait publié un résultat préliminaire en baisse de 16% à 210,3 millions d'euros alors que les analystes espéraient un bénéfice de 213 millions d'euros (voir ci-contre). Désormais et selon le consensus IBES, ils ne s'attendent pas à ce que le résultat définitif s'écarte significativement de cette publication initiale de 210 millions d'euros.Si la chute des investissements publicitaires après le 11 septembre a affecté les grands groupes de médias, elle n'a pas non plus épargné les agences publicitaires. Au quatrième trimestre, Havas Advertising et Publicis ont eux aussi constaté un tassement de leur croissance (pour Publicis), voire une baisse de leurs revenus (pour Havas Advertising). Mais d'une façon générale, sur l'année, ils ont montré une forte résistance à la crise. Ainsi, Havas Advertising s'est félicité d'obtenir une croissance organique de sa marge brute (chiffre d'affaires moins achat d'espaces) de 0,3% "dans un marché mondial qui a régressé de près de 5%" (voir ci-contre). La tendance a même été plus soutenue chez Publicis qui a annoncé une croissance organique de sa marge brute de 3,1% sur l'année. Reste donc à savoir, mardi pour Publicis et mercredi pour Havas, si la rentabilité a suivi.Ce ne devrait pas être le cas, puisque l'Ebit (proche du résultat d'exploitation) d'Havas Advertising est attendu stable à un peu plus de 251 millions d'euros, soit 11,2% de la marge brute (contre 14% l'année précédente). Quant à Publicis, le consensus IBES pronostique un Ebit en progression de 19,9% à 329,7 millions d'euros. Un chiffre insuffisant pour maintenir le niveaux de rentabilité (Ebit / marge brute) qui devrait passer de 16 à 13,5%.Enfin, dernier groupe de notre liste et pas des moindres à publier cette semaine - demain en l'occurrence - Vivendi Universal laisse les professionnels beaucoup plus indécis. Compte tenu du nombre et de la complexité des éléments exceptionnels, peu d'analystes se risquent à établir des prévisions de résultat net. "La visibilité en dessous de la ligne d'Ebitda est faible", explique Neil Blackley, analyste financier chez Merrill Lynch, cité par Reuters. Les estimations disponibles concernent donc principalement l'Ebitda qui est attendu à 5,014 milliards d'euros pour le pôle médias-communication. Un chiffre impossible à comparer à ceux de l'année précédente en raison de la fusion Vivendi-Seagram-Canal+. Si l'exercice 2001, ne peut apporter que peu d'intérêt aux yeux des professionnels, ils espèrent en revanche que Vivendi Universal fournira des précisions quant à l'avenir. Notamment sur son niveau d'endettement très discuté et sur la réduction des fonds propres liée aux dépréciations d'actifs rendues nécessaires par le passage aux normes comptables américaines en 2002. Suite à l'affaires Enron, ce sont surtout ces éléments de traitement comptable et de structure financière qui ont causé la chute du titre de plus de 25% sur l'année 2002. Vivendi Universal fait un peu figure de cas à part, mais les autres groupes seront, de leur côté, tous attendus sur les mêmes critères: leurs propres perspectives et celles du marché publicitaire. Ce matin, RTL et Pearson ont donné des exemples de discours contrastés. RTL, prudent, attend au mieux la reprise pour le second semestre, et Pearson a déclaré être confiant dans sa capacité à croître "quel que soit le climat économique".Du côté des agences, aucun acteur n'attend de véritable reprise cette année, mais chacun a déjà déclaré qu'il comptait sur-performer le marché (voir ci-contre). Des objectifs qui seront donc à confirmer lors de la publication des résultats.Enfin, TF1 devra tenter de rassurer le marché quant aux niveaux de rentabilité attendus cette année. Car si la morosité est toujours de mise sur le marché publicitaire, TF1 ne parvient pas, de surcroît, à maîtriser le coût de sa grille. Un élément qui risque d'être d'autant plus vrai cette année que la chaîne française devra supporter les droits de la coupe du monde de football.Dopé par le rebond général des TMT suite à la hausse de Wall Street, le secteur est dans le vert ce lundi sur les Bourses européennes. L'indice DJ Stoxx des valeurs médias gagne 3,6% à la mi-journée.Olivier Decarre
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