Le grand bluff

"Take it or leave it" : à prendre ou à laisser. C'est le message encore une fois clairement signifié par Vodafone à Vivendi Universal : il n'a pas l'intention d'augmenter son offre de 6,77 milliards pour les 44% que le groupe de médias très endetté détient dans Cegetel. Pendant ce temps, VU annonce presque tous les jours une nouvelle opération de cession ou de refinancement (vente de Vivendi Environnement, émission d'obligations, nouvelle ligne de crédit, etc.) pour démontrer au marché qu'il a vraiment de quoi payer 4 milliards à BT Group pour préempter ces parts convoitées par Vodafone. A moins que ce ne soient d'ultimes gesticulations pour forcer la main à l'opérateur britannique pour une sérieuse rallonge : 9 à 11 milliards d'euros, rêvait il y a quelques semaines l'entourage de Jean-René Fourtou. Environ 8 milliards, spécule-t-on désormais dans les salles de marché parisiennes. De son côté, Vodafone montre des signes d'impatience et feint de jouer les résignés. Mais ne ménage pas sa peine en coulisses pour démonter les arguments de Vivendi sur l'air du "essaie de préempter pour voir ...""Seuls, Cegetel et SFR sont morts", affirme sans ambages l'entourage de Vodafone, qui se présente comme le sauveur du numéro deux français, pas de taille à affronter Orange et les autres géants du secteur dans l'univers impitoyable du mobile européen où les petits luttent pour leur survie. D'autant que VU, se débattant toujours avec sa montagne de dette, n'aura pas les moyens de financer les investissements colossaux à venir, UMTS, amélioration de la couverture du réseau & co, prétend le britannique. Des dépenses déjà budgetées, réplique-t-on de ce côté du Channel. En s'endettant un peu plus encore pour s'accrocher à Cegetel, Vivendi risque de se déstabiliser davantage et de se retrouver acculé, vendeur forcé dans quelques mois de l'opérateur mobile. Et Vodafone n'aurait alors qu'à se baisser pour ramasser la pépite, à prix soldé. Et même si les valeurs du secteur des télécoms auront sans doute augmenté, le cours de Vodafone aura été le premier à en bénéficier... En clair, Vodafone pense pouvoir jouer à qui perd gagne et se frotte les mains d'avance. Ou bien n'est-ce là aussi qu'un grand coup de bluff ? Dans une grande surenchère d'intox tous azimuts, chacun a intérêt à garder ses intentions secrètes le plus longtemps possible... jusqu'à la date d'expiration de l'offre de Vodafone le 10 décembre. La balle est officiellement dans le camp de VU, dont le conseil d'administration doit trancher dans les tous prochains jours. Vodafone tiendra-t-il sans proposer de petit supplément pour que VU se retire la tête haute ? Chacun sait qu'il joue à quitte ou double dans cette affaire.
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