Les Français s'enfoncent dans la déprime

Après avoir fait preuve d'une certaine stabilité au deuxième semestre 2002, le moral des Français est sévèrement atteint. En janvier déjà, l'indicateur synthétique le résumant était tombé à -22 au lieu de -17 le mois précédent. Après cette dégringolade, les économistes s'attendaient plutôt à une consolidation sur ces niveaux mais il n'en a rien été. Les ménages ont continué à broyer du noir en février, leur moral tombant cette fois à -26, soit un plus bas depuis juin 97.Les raisons de cette déprime sont connues: plans sociaux en rafale, chômage qui s'aggrave, perspective d'un conflit militaire en Irak, hausse des prix du pétrole que ne contrebalance pas totalement l'appréciation de l'euro... Dans ce contexte, les Français ne se font guère d'illusions comme le prouve la dégradation de leur opinion sur l'évolution future de leur niveau de vie, qui passe de -30 à -41.Conséquence de ce diagnostic, les ménages pourraient bien restreindre leur consommation. Certes, le lien entre évolution du moral et dépenses n'est pas exactement vérifié, mais cette dégradation de la confiance fait peser un risque sur ce qui demeure le principal pilier de la croissance française. Et d'ailleurs, l'enquête de l'Insee montre que les ménages jugent la situation actuelle peu propice à la réalisation d'achats importants : ce sous-indice particulièrement surveillé par les économistes chute à -17, après -10 en janvier et décembre.La détérioration du moral des Français devrait renforcer le gouvernement dans sa volonté de ne pas imposer aux ménages une cure d'austérité, comme l'a réaffirmé le Premier ministre hier. Par ailleurs, cette enquête devrait aussi être regardée de près par les gardiens de l'euro. Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) se réunit jeudi et les milieux économiques s'attendent à un assouplissement de la politique monétaire. Une baisse du loyer de l'argent apparait comme un coup de pouce nécessaire au moment où l'économie européenne montre de nouveaux signes de faiblesse et où les gouvernments n'ont plus de marge de manoeuvre budgétaire: la France et l'Allemagne ont dépassé la barre des 3% de déficit public en 2002, que ce soit franchement pour Berlin ou très légèrement pour Paris (lire ci-contre).Le chômage progresse dans la zone euroTrès nettement perceptible en Allemagne et en France, les deux premières économies de la zone euro, la dégradation du marché du travail trouve sa traduction dans les chiffres publiés aujourd'hui par Eurostat, l'office européen des statistiques. En janvier dans la zone euro, le taux de chômage a progressé à 8,6%, soit 0,1 point de plus qu'en décembre. Des statistiques qui donnent du grain à moudre à ceux qui réclament à la Banque centrale européenne une baisse du loyer de l'argent et ce, dès ce jeudi...
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