Le gouvernement veut jouer sur les baisses d'impôts et les effectifs de fonctionnaires pour enrayer le déficit

Après l'Allemagne, c'est au tour de la France d'être clouée au pilori pour cause de dérapage budgétaire. Cela fait deux années de suite que le déficit public français ne respecte pas le plafond de 3% du PIB (produit intérieur brut) fixé par le traité de Maastricht. En 2002, il a dépassé les 3%, selon un premier bilan qui doit être confirmé le 17 mars. Et il devrait s'aggraver en 2003, avoisinant les 3,4 % du PIB, selon les prévisions transmises hier par le gouvernement français au commissaire européen aux Affaires économiques.La Commission européenne a donc décidé, après avoir sanctionné l'Allemagne de la même manière, de lancer une procédure officielle contre la France, pour déficit excessif sur deux années consécutives. "Cette procédure se traduit par l'obligation pour nous de revenir sous le seuil de 3% en 2004", a déclaré Francis Mer à l'issue d'un dîner à Bruxelles avec ses homologues de l'Eurogroupe, qui rassemble les 12 pays de la zone euro. Pedro Solbes, commissaire européen aux Affaires économiques, s'est cependant gardé d'accabler Paris. Il a précisé que l'obligation de repasser sous le plafond des 3% ne s'appliquait pas à 2003, mais à 2004. Si elle s'y tient, la France échappera aux sanctions financières prévues pour les récidivistes du déficit. A elle de montrer clairement sa capacité à redresser la barre. Hier, à Bruxelles, Francis Mer a affirmé : "C'est du côté des dépenses que nous devrons tenir les choses de manière plus déterminée", indiquant que la France allait procéder à des reports de crédit pour plusieurs milliards d'euros sur une enveloppe de départ de 11,5 milliards, pour éviter un dérapage supplémentaire au delà de 3,4%. Pour resserrer les cordons de la bourse, la France continuera à diminuer le nombre des ses fonctionnaires, a déclaré Francis Mer au micro de RTL ce matin, ajoutant: "C'est un lent mouvement sur plusieurs années". "Le non renouvellement de postes" libérés par exemple par les fonctionnaires partant en retraite "n'est pas la cause, c'est la conséquence d'un système plus performant où on constate qu'on peut faire mieux avec moins de moyens", a ajouté le ministre. Rassurant, Francis Mer a affirmé que la politique de baisse des impôts et des charges du gouvernement serait maintenue. "Les baisses d'impôts et de prélèvements prévues dans le budget 2003 seront exécutées", a-t-il signalé. Mais celles prévues pour 2004 et 2005 dépendront du retour de la croissance. "Lors de la campagne électorale, Jacques Chirac a précisé que cette baisse des impôts était un élément politique qui était conditionné à un taux de croissance moyen (3%, ndlr), qu'il n'est pas aujourd'hui possible d'imaginer compte tenu de l'environnement mondial", a ajouté le ministre. La promesse faite aux Français par Jacques Chirac de baisser l'impôt sur le revenu d'un tiers d'ici 2007 paraît donc de moins en moins tenable. Mais les contribuables se consoleront peut-être du fait que si les impôts ne baissent pas, ils n'augmenteront pas non plus, aux dires du gouvernement. "Le moteur de la consommation est aujourd'hui celui qui tire notre économie, une augmentation des impôts viendrait automatiquement l'enrayer. Voilà pourquoi le gouvernement a choisi, contrairement à l'Allemagne, de ne pas les augmenter et ce malgré la différence du contexte économique", souligne Alain Lambert, ministre délégué au Budget, dans l'édition du "Parisien" de ce vendredi.Berlin, dont le déficit public - 3,6% du PIB en 2002 - donne également des cauchemars aux autorités européennes, a inclus des hausses d'impôt dans son projet de réduction du déficit public promis à Bruxelles d'ici le 21 mai. Mais hier, le quotidien allemand "Berliner Zeitung" affirmait que le chancelier Schröder s'apprêtait à faire volte-face et à proposer de prochaines baisses d'impôts jusqu'à 20 milliards d'euros... de quoi faire s'arracher les cheveux aux commissaires européens.
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