Les grands argentiers sont certes demeurés fidèles à leurs habitudes. Pourquoi dire les choses simplement et directement alors que des formules diplomatiques alambiquées donnent tant de plaisir aux amateurs de "décryptage" aussi nombreux dans les rédactions que dans les salles de marché ?Les Sept annoncent par conséquent que "davantage de flexibilité dans les taux de change est souhaitable pour la plupart des grands Etats ou des zones économiques, de façon à permettre des ajustements larges et en douceur du système financier international, dans le cadre des mécanismes de marché." Traduction pour les non-initiés : "grands Etats" veut dire Japon, et "zones économiques" désigne en l'occurrence l'Asie et en particulier la Chine. Après avoir dilapidé 80 milliards de dollars pour empêcher sa devise de grimper trop haut, Tokyo a donc été priée de se calmer. Les autorités de Pékin sont par ailleurs une nouvelle fois sommées d'envisager le flottement du yuan.Si ce dernier appel paraît avoir peu de chances d'être entendu dans un proche avenir, le yen - qui, à la différence de la monnaie chinoise flotte librement sur le marché - a fait les frais de la pertinence retrouvée du G7, atteignant en quelques heures son cours le plus élevé depuis près de trois ans face au dollar. Le won coréen est lui aussi proche de son plus haut niveau en trois ans. La pression sur le Chine s'en trouve accrue d'autant.L'impact spectaculaire de la déclaration des Sept n'est pas forcément une bonne nouvelle pour l'Europe. L'affaiblissement du dollar pourrait porter le cours de l'euro à 1,15 dollar, pesant sur des perspectives de croissance déjà peu enthousiasmantes.Il reste que le G7 vient de se prouver à lui même qu'en s'entendant sur un message clair et précis, il demeurait pour ses membres un vecteur de communication d'une très grande efficacité.De là à penser que la Chine sera bientôt prête à accéder à ses demandes, il reste un pas que l'on serait bien imprudent de franchir trop vite.

latribune.fr

20 Oct 2008, 0:21

Partager :