La mélodie du vendeur

Rien ne va plus dans l'industrie du disque. Les plus grandes majors sont toutes à vendre ou presque. Universal Music, le numéro un mondial, pourrait tomber dans l'escarcelle d'Apple si Vivendi Universal, criblé de dettes, parvient à en obtenir un bon prix. Ployant lui aussi sous un fardeau de dette de 30 milliards de dollars, AOL Time Warner cherche un repreneur pour sa filiale Warner Music, qui ne représente, il est vrai, que 10% de ses ventes et 5% de son bénéfice brut d'exploitation. Le numéro un mondial de la communication pourrait espérer 4 à 5 milliards de dollars de son éditeur musical, soit la moitié de son programme de désendettement destiné à alléger son bilan de 9 milliards avant la fin 2004. Les observateurs spéculent aussi sur le sort de BMG au sein de Bertelsmann, après le rachat à un prix exorbitant du label américain Zomba, qui produit entre autres la coqueluche des ados, Britney Spears. Si Bertelsmann n'est certes pas aussi accablé que AOL et VU, l'objectif premier du groupe allemand est, lui aussi, de réduire cette année son endettement de 2,7 à moins de 2 milliards d'euros. Cela passera-t-il par la vente de BMG ? Le groupe dément. Mais il serait favorable à un rapprochement. Les rumeurs vont en effet bon train depuis plusieurs mois concernant l'avenir du dernier indépendant, EMI, numéro trois du secteur. Le groupe britannique, dont la note de crédit a été abaissée au statut de "junk bond" (à haut risque), comme VU, par Moody's le mois dernier, serait désespérément en quête d'un partenaire. Seule major sur les "Big 5" à ne pas être sur le marché, Sony Music, le numéro 2 mondial; sa maison-mère, le groupe japonais Sony qui fait figure d'animal un peu à part au sein des grands groupes de médias globaux, semble toujours y tenir. Beaucoup de vendeurs donc sur le marché du CD....Mais y a-t-il en face des acheteurs potentiels véritablement intéressés et dotés des ressources financières suffisantes ? Les possibilités de fusion sont limitées, compte tenu du degré de concentration déjà existant, ce qui exclut plus ou moins les rapprochements entre industriels du secteur. Restent alors les incontournables fonds d'investissement. La récurrence des cash flows de l'activité musicale, notamment via l'exploitation des catalogues de droits, peut leur paraître séduisante. Mais le disque est une industrie structurellement en déclin, gangrenée par le piratage. Les ventes mondiales de musique ont reculé de 7% l'an dernier et devraient encore baisser de 5% cette année. D'où le faible empressement manifesté pour l'instant par ces fonds qui savent que la grande braderie ne fait que commencer au rayon CD...
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