Mieux vaut être riche, bien portant...

L'intention est louable. Pour permettre aux ménages les plus endettés de repartir d'un meilleur pied dans la vie, le gouvernement se propose d'instaurer un mécanisme de faillite civile. S'appuyant sur l'exemple de l'Alsace-Lorraine où ce système fonctionne depuis 1870 à la satisfaction générale, le gouvernement s'apprête à le généraliser. Jean-Louis Borloo, le ministre délégué à la Ville qui soutient cette idée, estime que la meilleure façon d'aider les personnes dans l'impossibilité de payer leurs dettes est de purement et simplement les effacer. En France, 500.000 personnes sont considérées comme surendettées, mais elles seront beaucoup moins nombreuses à voir s'effacer leur ardoise. Car la faillite civile ne sera pas une solution miracle. Elle ne sera prononcée qu'à certaines conditions, ne serait-ce que parce qu'elle s'accompagne de la vente de tous les biens du failli. Bref, ce n'est pas un cadeau, c'est une nouvelle chance. Frappée au coin du bon sens, cette solution heurte pourtant les banques. "Il est impératif que le projet de loi prenne mieux en compte les droits des créanciers, qui sont non seulement les entreprises bancaires mais aussi les propriétaires bailleurs, les commerçants, les artisans", explique doctement la Fédération bancaire française (FBF) dans la lettre de la profession. Bien sûr, l'argument fait sens. Evidemment, les intérêts des créanciers ne sauraient être systématiquement passés par pertes et profits. Mais on ne peut s'empêcher de s'interroger sur l'intérêt que les banques peuvent avoir à garder des clients insolvables plutôt que de les voir se remettre à flot... Le surendettement est le plus souvent lié à ce que l'on appelle des accidents de la vie (maladie, chômage...) mais dans un nombre de cas non négligeable, il frappe aussi des personnes qui n'ont pas su résister aux sirènes du crédit facile. Crédit conso, revolving et autres sont à l'origine des difficultés de certaines familles qui grossissent les rangs de ceux qui pourraient bientôt bénéficier d'une "réforme exorbitante du droit commun", comme l'explique la FBF. On comprend que les banques s'en émeuvent. On le comprendrait encore mieux si, parfois, elles prêtaient aussi avec un peu plus de discernement. Prêter c'est prendre un risque, y compris celui de tout perdre.
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