Dur, dur, d'être une PME américaine...

Les chiffres de l'emploi en mars, qui seront rendus publics vendredi, ne devraient pas être fameux. Déjà en février l'économie américaine a éliminé plus de 300.000 emplois. Les compagnies aériennes, sans doute les plus touchées par les effets de la guerre en Irak, ont à elles seules détruit près de 20.000 jobs. Certes, certains observateurs font remarquer qu'au lieu de licencier en mars, les entreprises sont restées tétanisées et n'ont pas pris ce genre de décisions, en attendant de voir comment l'offensive allait se dérouler en Irak. Peut-être. Mais maintenant qu'il paraît clair que la guerre est là pour durer, les chefs d'entreprises pourraient bien reprendre leurs charrettes. Avec en premier lieu les petits chefs d'entreprise, qui ont, encore plus que les autres, perdu le moral. Ils n'ont d'ailleurs jamais été aussi pessimistes, en tout cas depuis octobre 1993, que maintenant. Et si, en mars 2002, 10% des entreprises avaient l'intention de créer des emplois dans les mois à venir, ce pourcentage est descendu à 6% en février 2003. C'est d'autant plus grave que sur un total de 5,8 millions d'entreprises que comptent les Etats-Unis, l'écrasante majorité (99% selon la National Federation of Independant Businesses) est composée de petites entreprises, qui emploient à elles seules un peu plus de la moitié des salariés américains. Pis, les petites entreprises, toujours selon la NFIB, généraient il n'y a encore pas si longtemps les trois quarts des nouveaux emplois. Bref, la source serait en passe de se tarir, et rapidement. Il faut dire qu'être chef d'une petite entreprise n'est pas de tout repos. Contrairement aux grandes, les PME subissent sans amortisseurs les aléas de la conjoncture. Et avec la guerre, les choses sont pires encore. Une minorité d'entreprises ont un programme d'assistance au personnel, par exemple. C'est en général le patron qui fait office de responsable de ressources humaines, d'assistante sociale, de psychologue. Et en ce moment, c'est un travail à plein temps. En effet, certains salariés de PME, comme l'une d'entre elles, située à Chicago, près de la Sears Tower, la plus grande de la ville, faisant d'elle une cible de choix pour des terroristes, ont perdu toute envie de travailler. D'autres ont demandé à ce que leur entreprise stocke des vivres, des médicaments, de l'eau, pour tenir un siège si nécessaire, en cas de guerre bactériologique sur le sol américain. Bref, toutes ces craintes ont de quoi perturber la productivité des salariés et la bonne marche de l'entreprise. Et c'est sans compter sur l'effet que produit l'appel d'un réserviste, qui doit quitter son poste pour être déployé dans le Golfe, et que la PME est incapable de remplacer...
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