L'Opep ne veut pas toucher à ses quotas de production

Réunis aujourd'hui à Vienne, les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont décidé de ne pas relever les quotas de production du cartel, et de les maintenir à 24,5 millions de barils par jour (mb/j). Pourtant une intervention américaine en Irak risque de paralyser la production irakienne - 2 mb/j - et d'endommager certaines installations au Koweit. Et donc, d'assécher l'approvisionnement du marché.Mais les producteurs de l'Opep sont pris entre deux feux, celui d'une pénurie et celui d'une sur-offre qui ferait chuter les prix. D'autant que l'Opep a déjà augmenté par deux fois ses quotas de production lors des deux réunions précédentes de l'organisation. Avant même l'ouverture de la réunion, le ministre saoudien du pétrole, Ali al-Nouaïmi, avait affirmé que "l'approvisionnement serait là pour répondre à la demande" en cas de guerre en Irak tandis que le président du cartel, le Qatariote Abdullah bin Hamad al-Attiyah, avait déclaré que l'Opep n'examinerait pas, ce mardi, une hausse de sa production pour éviter une pénurie consécutive à un conflit. La marge de manoeuvre de l'Opep est pour le moins étroite. Actuellement, les producteurs du cartel, qui contrôle 60 % des exportations mondiales de brut, pompent pratiquement à pleine capacité. Dès lors, les gestes de bonne volonté envisagés par l'Organisation risqueraient de demeurer assez théoriques. Selon Raad Alkaridi, directeur de l'Institut spécialisé PFC Energy à Washington, "à l'heure actuelle, seuls l'Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis peuvent produire au-dessus de leur niveau actuel. Ryad pourrait offrir au maximum 1,5 mb/j (supplémentaires), et non 2,5 mbj comme le disent ses dirigeants, et les Emirats environ 500.000 b/j". En cas de besoin, l'Arabie saoudite pourrait donc jouer un rôle clé dans le rééquilibrage du marché, d'autant que le Venezuela revient petit à petit à une production de 3 mb/j. Selon Frédéric Lasserre, analyste à la Société Générale, Ryad ne souhaite pas "que les stocks stratégiques se transforment en stocks régulateurs qui seraient libérés dès que les prix sont trop élevés". En effet, si les pays occidentaux puisaient dans leurs réserves stratégiques - les pays de l'OCDE ont actuellement 25 mb/j disponibles -, cela pousserait les cours du brut vers le bas. Une augmentation conséquente de l'offre pourrait même déboucher, après la fin du conflit, sur un effondrement des cours à 15 dollars le baril. Un scénario catastrophe que les pays producteurs veulent éviter à tout prix.En théorie, l'Opep décide donc de maintenir ses quotas au même niveau, mais laisse la porte ouverte à une éventuelle augmentation. "Peu importe ce que l'Opep décide officiellement, l'Arabie saoudite a été claire sur ses intentions", déclarait Gary Ross, consultant chez Pira Energy, cité par Reuters. "L'Opep est déjà en train d'augmenter sa production, le cartel va gérer le marché sans trop s'occuper des quotas", commentait un autre analyste, également interrogé par l'agence de presse.
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