Berlin ajuste à la baisse sa prévision de croissance

Berlin a décidé de réduire d'un quart de point sa prévision de croissance pour cette année. L'Allemagne, qui espérait pouvoir afficher une progression de son produit intérieur brut (PIB) de 1%, n'évoque plus désormais qu'un maigre 0,75%. Cette prévision est cependant encore supérieure aux estimations produites par le FMI (+0,5%) ou l'OCDE (+0,3%). Avec cette révision à la baisse de ses prévisions de croissance, Berlin lance un signal clair: la disparition progressive des tensions géopolitiques ne sera pas suffisante à la première économie de la zone euro pour sortir rapidement de son apathie. Cette analyse est semble-t-il partagée par les chefs d'entreprises allemands. En effet, malgré la chute du régime irakien et la baisse des cours du pétrole, le moral des patrons allemands s'est à nouveau détérioré en avril. Contrairement aux attentes des économistes qui tablaient sur une timide hausse, l'indice Ifo, mesurant le climat des affaires en Allemagne, s'affiche en recul de 1,5 point à 86,6, un plus bas depuis décembre 2001. Alors qu'une grande partie des 7.000 sociétés interrogées pour cette enquête l'ont été après la chute de Bagdad le 9 avril, la fin du régime de Saddam Hussein "n'a pas eu d'impact significatif", a indiqué à Reuters l'économiste de l'Ifo, Gernot Nerb. Et dans un communiqué, Hans Werner Sinn, le président de l'institut, a précisé qu' "il n'y a pas de signe d'amélioration du climat des affaires" outre-Rhin. "La dégradation du climat des affaires a concerné presque tous les secteurs", avec un recul particulièrement prononcé dans le domaine de l'industrie, a-t-il ajouté.Pour les patrons allemands, la mollesse de la croissance mondiale - dont le principal moteur, à savoir les Etats-Unis, est grippé - et l'appréciation de l'euro face au dollar ne permettent pas d'espérer un redémarrage rapide et soutenu de l'activité en Allemagne. Ce sentiment est traduit dans les chiffres de l'Ifo par la détérioration prononcée de la composante de l'enquête relative aux perspectives pour les six mois à venir: cette dernière est tombée à 94,9 en avril, après 97,2 en mars. A plus logue échéance, Berlin table sur une accélération à partir de l'an prochain, avec une croissance d'environ 2% par an du Produit intérieur brut (PIB) entre 2004 et 2007. Dans ce contexte, Berlin ne devrait pas être en mesure de faire repasser le déficit public sous la barre de 3% du PIB, après 3,6% en 2002. Le ministre des Finances Hans Eichel a en effet déjà prévenu que l'Allemagne ne parviendrait pas à contenir son déficit public sous ce seuil si la prévision de croissance du gouvernement de 1% n'était pas tenue. Par ailleurs, sur le marché du travail, une nouvelle dégradation n'est pas exclue. Les pouvoirs publics prévoient désormais 4,5 millions de chômeurs en moyenne cette année après 4,06 millions en 2002, et encore 4,4 millions l'an prochain. En données brutes, chiffre qui alimente le débat public en Allemagne, le nombre de chômeurs s'était établi à 4,6 millions de personnes en mars. Les syndicats évoquent déjà quant à eux la barre des 5 millions de demandeurs d'emplois pour la fin de l'année.
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