Normalisation à Bagdad, tensions avec Damas

Plus aucune ville irakienne n'est sous le contrôle du régime de Saddam Hussein. Depuis lundi, les marines américains contrôlent le centre de Tikrit, dernier bastion de résistance et fief de Saddam Hussein. Après une nouvelle nuit de bombardements, la ville, désertée par les troupes irakiennes, les fedayin (milices) de Saddam et par une grande partie de sa population, s'est réveillée dans le calme. Prenant position dans le centre, les chars américains n'ont rencontré qu'une resistance "exceptionnelle" selon le commandement central américain (Centcom) qui ne confirme pas encore que la ville est tombée. Mais "l'armée irakienne semble finie en tant que force combattante organisée" a assuré un porte-parole du Centcom. Pour les Américains il est désormais clair que "les opérations militaires les plus déterminantes se terminent".Les troupes de la coalition doivent désormais s'atteler à restaurer l'ordre dans le pays. A Bagdad, Kirkouk et Mossoul (nord), Bassorah (sud) et Al-Kout (sud-est de Bagdad), Américains et Britanniques ont fort à faire après plusieurs jours de pillages et de règlements de compte. Lundi, pour la première fois, des voitures de police irakiennes, escortées par des militaires américains, ont patrouillé dans les rues de Bagdad. Plus de 2.000 anciens policiers à la retraite ont répondu à l'appel lancé par les forces alliées qui recrutent des "volontaires" pour aider à restaurer l'ordre dans la cité, où l'anarchie totale régnait ces derniers jours. Ces efforts semblent porter leurs fruits puisqu'un calme précaire revient peu à peu. "Il y a davantage de gens dans les rues, nous pensons qu'il y a certains progrès en terme de sécurité", souligne un porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge à Bagdad. Malgré tout des échanges de tirs ont eu lieu dans la banlieue chiite de Saddam-City. La restauration de l'ordre public est nécessaire dans la capitale où le vie est devenue très difficile pour les habitants. Les Bagdadis sont privés de téléphone et d'électricité depuis une dizaine de jours, et disposent de très peu d'eau. Les hôpitaux sont paralysé quand ils n'ont pas été complètement pillés. La chaleur augmente et les cadavres sont abandonnés, d'où le cri d'alarme lancé par les organisations humanitaires : les chambres froides des morgues ne fonctionnent plus, ce qui renforce le risque d'épidémies. Dimanche, la Bibliothèque nationale a été incendiée après avoir été dévalisée. Vendredi, le musée archéologique de la capitale avait également été pillé et saccagé.L'après-Saddam en discussion demainA Mossoul, grande ville pétrolière du nord, les Américains ont commencé à mettre en place des structures chargées d'assurer la sécurité tandis qu'un début de normalisation était perceptible à Kirkouk, où un comité civil représentant les principales communautés a été créé samedi pour administrer la ville. Les forces kurdes se sont retirées de ces deux villes, a indiqué dimanche le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gul. Mais des accrochages entre tribus arabes rivales agitent toujours le Nord. Par ailleurs, une réunion cruciale est prévue mardi à Nassiriya, dans le sud du pays, pour jeter les bases de la première administration d'après-guerre. Le général à la retraite Jay Garner, pressenti pour la diriger, doit y rencontrer différentes factions irakiennes. Jack Straw, le secrétaire au Foreign Office, espère que cette réunion débouchera sur une "conférence à Bagdad" pour mettre en place une autorité intérimaire. Le ministre britannique des Affaires étrangères a estimé que les troupes américaines et britanniques quitteraient l'Irak dès qu'un gouvernement "démocratique" y aurait été installé.Ce thême de l'après-guerre n'est plus le seul à mobiliser l'attention de la communauté internationale. C'est désormais sur la Syrie que se focalisent tous les regards. Damas est sous le feu des accusations des Américains. Ces derniers soupçonnent la Syrie de détenir des armes chimiques et de donner asile à des dignitaires irakiens ayant fui l'offensive de la coalition. Selon le général Brooks les Syriens représentent le gros des combattants étrangers venus en Irak pour défendre le régime de Saddam Hussein. A Washington, le ton s'est durci: la Syrie est un Etat voyou qui figure sur la liste publiée annuellement par le Département d'Etat américain des pays qui soutiennent le terrorisme, a affirmé lundi le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer. Conséquence, Colin Powell, le secrétaire d'Etat américain, a indiqué devant la presse que son pays allait "examiner de possibles mesures de nature diplomatique, économique ou autre" contre la Syrie. Damas a pour sa part réfuté en bloc ce flot d'accusations, tandis que les britanniques tentent de calmer les esprits et les inquiétudes des pays de la région en assurant que la Syrie "n'est pas" sur la liste d'éventuelles cibles d'attaques américaines. Quant à Saddam Hussein, il reste introuvable. "Soit il est mort, soit il court beaucoup", a déclaré à CNN le général Franks après avoir indiqué que Washington possédait des échantillons d'ADN du président déchu. En revanche l'un des demi-frères de Saddam Hussein, Watban Ibrahim Hassan, ex-ministre de l'Intérieur, a été arrêté au moment où il s'apprêtait à franchir la frontière syrienne et un autre de ses demi-frères, Barzan Al-Tikriti, aurait été tué vendredi près de Bagdad. Ce week-end, un important scientifique irakien, spécialiste nucléaire, s'est rendu aux Américains en Irak. Il "doit certainement connaître le programme nucléaire, la localisation des installations et matériels de nature nucléaire", a annoncé un responsable à Washington.
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