L'OMC, ça marche !

La semaine dernière, le président des Etats-Unis a annoncé qu'il renonçait aux surtaxes douanières sur les importations d'acier qu'il avait lui-même mises en place vingt-et-un mois plus tôt.Motif officiel du recul : quinze mois avant leur fin annoncée, les sanctions en question avaient atteint leur but, permettant à l'industrie américaine de se restructurer. Motif réel : à partir du 15 décembre, l'Union Européenne s'apprêtait à déployer un arsenal de sanctions de 2,2 milliards de dollars. Et c'est l'OMC, tout en condamnant Washington, qui l'y a autorisée."La défiance (vis à vis de l'OMC) avait un coût réel," a confié un conseiller du président au New York Times. "Elle nous aurait coûté des exportations, elle nous aurait coûté des emplois." Et le quotidien américain d'ajouter : "ce que l'OMC a accompli en forçant l'administration à prendre ce virage à 180 degrés est exactement ce que ses partisans envisageaient et que ses adversaires redoutaient". Autrement dit, l'OMC, ça marche !En faut-il une autre illustration ? Elle arrive. Hier, à Bruxelles, les ministre des Affaires Etrangères des Quinze ont donné leur feu vert à une nouvelle série de mesures de rétorsion, visant une liste de produits d'un total de quatre milliards de dollars cette fois. Et de nouveau, la réplique fait suite à une condamnation de l'OMC.Cette fois, ce sont les "Foreign Sales Corporation" qui sont visées, ces filiales commerciales à l'exportation par lesquelles les grands groupes américains font transiter leurs ventes à l'étranger pour échapper à l'impôt. 3M, Caterpillar, American Express et autres Boeing (à qui cette pratique permettrait d'économiser la bagatelle de cinq milliards de dollars par an) sont coutumiers du fait.Mais voilà que Washington annonce déjà la couleur : au premier trimestre de l'an prochain, une loi abolira l'existence des FSC. La nouvelle reculade est donc pour bientôt.Alors, c'est vrai, l'OMC n'a pas bonne presse. Qu'elle se démène ou qu'elle reste coi, elle passe pour une je-ne-sais-quoi.Mais elle vaut mieux que la caricature qu'en font souvent les altermondialistes, qui la réduisent à l'instrument docile d'une mondialisation sur un mode ultra-libéral. L'OMC, c'est aussi un gendarme qui fait - parfois très bien - son travail. L'Europe est bien placée pour le savoir. Et les partisans d'une mondialisation équitable seraient bien inspirés de ne pas l'oublier.
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