Bruxelles accuse Microsoft d'abus de position dominante

Bruxelles a décidé d'utiliser les grands moyens à l'égard de Microsoft. A l'issue de trois années d'enquête, la Commission européenne a affirmé jeudi détenir des "preuves supplémentaires" renforçant l'accusation selon laquelle le géant du logiciel abuse de sa "position dominante". Par deux fois, Bruxelles affirme être déjà parvenu à cette conclusion. La Commission donne donc une "dernière chance" au géant du logiciel pour récuser ces accusations et rentrer dans le droit chemin. Dans le cas contraire, elle a bien l'intention d'imposer de lourdes amendes. Principal chef d'accusation: le comportement du groupe dans le domaine des ordinateurs personnels. Selon les conclusions de la Commission, le groupe a notamment profité de la position dominante de son sytèmes d'exploitation Windows pour imposer son logiciel audio et vidéo, Windows Media Player, au détriment de concurrents indépendants tels que Real Player. C'est donc la politique commerciale du groupe qui est ici remise en cause, Microsoft ayant pour méthode de vendre par package le système d'exploitation accompagné de certains logiciels. Le même procès lui avait été fait dans le cadre des navigateurs Internet. Le groupe de Seattle a été accusé par AOL d'avoir littéralement coulé Netscape, le pionnier du secteur, en incluant son propre produit, Internet Explorer, dans chaque pack Windows. A l'issue d'une procédure de deux ans, Microsoft s'était finalement arrangé à l'amiable avec AOL mais au prix d'un dédommagement de 750 millions de dollars.Pour résoudre le problème d'abus de position dominante dans les PC, la Commission a proposé de "dissocier" Windows Media Player de Windows. Un scénario qui obligerait Microsoft à commercialiser une version Windows sans le logiciel incriminé. Autre reproche fait au géant des logiciels, Bruxelles affirme que Microsoft s'est aussi servi de son écrasante domination dans les PC pour s'imposer également dans les serveurs bas de gamme. Si le groupe informatique ne réussit pas à réfuter ces accusations, la Commission pourrait lui imposer d'ouvrir son code source à des concurrents tels que Sun Microsystems ou Oracle. Elle propose en tout cas que le groupe fournisseur désormais les informations nécessaires à l'interopérabilité avec les ordinateurs et les serveurs Windows. Selon la procédure formelle, le groupe dispose maintenant d'un mois pour répondre à la Commission. Mais sa réaction ne s'est pas faite attendre. Microsoft "a déjà pris des mesures pour répondre" aux avertissements de Bruxelles, a déclaré mercredi un porte-parole de la société, indiquant que cette dernière n'avait pas encore reçu de notification officielle pour pouvoir y répondre plus précisément. "Microsoft continue à travailler, comme il l'a toujours fait, pour trouver des solutions aux problèmes soulevés par la Commission", a-t-il ajouté.La position concurrentielle du numéro un mondial du logiciel a donné lieu à un enchaînement de procès ces dernières années de part et d'autre de l'Atlantique. Aux Etats-Unis, la justice a même failli démanteler le groupe. Mais la procédure, menée par plusieurs états du pays, s'était finalement soldée par un arrangement à l'amiable et les punitions s'étaient limitées pour le groupe à de légères contraintes commerciales.
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