L'événement n'est pas passé inaperçu. Lucent, le premier équipementier télécoms américain, un temps leader mondial du secteur, a vu ses résultats revenir au vert après 13 trimestres consécutifs de pertes. Le purgatoire avait commencé en mars 2000 et, en un peu plus de trois ans, le chiffre d'affaires a été divisé par trois. Les pertes cumulées ont atteint la somme vertigineuse de 28 milliards de dollars.Alors oui, après avoir plongé dans un tel abîme, la directrice de Lucent peut dire que "le pire est derrière". Pour autant, même s'il est plus rapide que prévu, le retour au vert du groupe américain est avant tout le résultat d'une restructuration drastique, menée à marche forcée. Il serait très hasardeux d'en tirer des conclusions sur la santé du secteur.Selon une recette éprouvée par Alcatel ou le canadien Nortel, Lucent a diminué ses coûts à la hache. Les effectifs ont été divisés par trois en trois ans. Rien que sur les douze derniers mois, le groupe a économisé 1,6 milliard de dollars. Comme ses concurrents, Lucent a pratiqué dans toutes ses divisions "l'abaissement du point mort", qui consiste à diminuer le niveau de chiffre d'affaires nécessaire pour être bénéficiaire. Alors forcément, dans ces conditions, nul besoin d'afficher une activité en hausse pour renouer avec les bénéfices. Le retour dans le vert de Lucent intervient d'ailleurs dans un trimestre où le chiffre d'affaires a encore reculé de 11 %. Signe que le secteur de l'équipement télécoms, malgré des signes encourageants sur certains segments, est stabilisé mais pas encore sorti de la crise.Néanmoins, le plus inquiétant dans le cas de Lucent, comme dans d'autres, c'est que la baisse des coûts touche des domaines essentiels pour l'avenir. Le groupe américain a ainsi divisé par deux ses dépenses de recherche et développement sur la dernière année. Sauf à parier avec aplomb que la rentabilité sans croissance sera durable, le vert à peine retrouvé pourrait se noyer dans un scénario noir.

latribune.fr

20 Oct 2008, 0:53

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