Akzo Nobel toujours pénalisé par la pharmacie

Akzo Nobel ouvre le bal des résultats trimestriels dans la chimie de spécialité européenne. Avec un résultat net trimestriel de 178 millions d'euros en baisse de 23% sur un an, le groupe ne surprend certes pas les analystes, mais il montre encore une fois que les temps restent durs pour l'ensemble de l'industrie. En termes opérationnels, la baisse est d'ailleurs du même ordre: -20% sur un an à 304 millions d'euros. Pourtant, ces résultats médiocres s'expliquent plus par la spécificité du groupe néerlando-suédois que par un véritable effondrement du marché de la chimie de spécialité. Car Akzo Nobel a une énorme épine dans le pied: sa division pharmaceutique. Fait rare parmi les chimistes de spécialité, le groupe d'Arnhem, aux Pays-Bas, a conservé une grande division pharmaceutique (17% de ses ventes), basée sur un produit phare, son contraceptif Remeron. Une division chargée de ramener du cash pour financer la chimie de spécialité. Or, ce médicament vedette doit faire face à un générique depuis cette année aux Etats-Unis. Et dès lors, la division pharmaceutique, de vache à lait du groupe, est devenu son premier handicap. Ainsi, entre juillet et septembre, les ventes de la division pharma ont reculé de 10% (4% en volume), contre seulement 7% pour le groupe dans son ensemble (1% en volume). En termes de résultats opérationnels, le recul est encore plus patent: -34% sur un an. Tout ceci s'expliquant par un recul des ventes de 65% du Remeron aux Etats-Unis en un an sur le seul troisième trimestre. Plus que jamais donc, Akzo Nobel devient le symbole du martyr des génériques. Et ce n'est pas fini. Selon le président du groupe Fritz Fröhlich, "2004 sera une autre année difficile pour la division pharmaceutique". Il a d'ailleurs rappelé que le brevet du Remeron devrait tomber l'an prochain en Europe. Mais ce n'est pas tout. Comme la plupart des autres grandes entreprises néerlandaises, Akzo doit faire face au déficit de ses fonds de pension. Sur le troisième trimestre, les charges liées à ces obligations de retraites ont atteint 32 millions d'euros. Si l'on ajoute à cela l'inévitable effet de change qui coûte 30 millions d'euros au groupe sur le plan opérationnel, on a une image complète des difficultés d'Akzo Nobel. Mais le tableau n'est pas entièrement sombre. Les divisions Chimie et Peinture se défendent bien. Grâce à une hausse des prix de 2%, la Peinture stabilise ses ventes hors effets de change. Du côté de la chimie, la baisse des ventes est limitée (-6%, et seulement -1% en volume). Du coup, les marges opérationnelles de ces deux divisions sont stables sur un an. Fritz Fröhlich peut se réjouir de ses "solides performances" dans ces deux divisions. Une évolution de bon augure pour le reste du secteur qui peut enfin espérer un retournement du cycle à moyen terme. Mais il faudra conserver la tête froide. Ernst Fröhlich a ainsi assuré ne voir "aucune réelle amélioration du climat des affaires pour le reste de l'année". Reste à déterminer le comportement à adopter pour faire face à cette hémorragie de revenus due à la pharmacie. Doit-on s'en séparer ? Pour le moment, il n'en est pas question. Au contraire de nouveaux médicaments, notamment dans le domaine de la santé animale, sont en développement. Mais pour faire repartir la recherche, il faut de l'argent. La priorité est donc toujours à la réduction des coûts. Le groupe a ainsi annoncé que ses suppressions d'effectifs étaient en avance sur le timing annoncé. Sur l'ensemble de l'année, 3.400 postes doivent être détruits dans le groupe. La priorité est donc dans ces deux mots assénés par Fritz Fröhlich : "cash et coûts". Une priorité qui ne devrait pas empêcher le groupe d'afficher un résultat net "significativement en baisse sur un an" en 2003. Malgré une baisse de près de 3% à l'ouverture, vendredi, le titre a gagné 0,33%, à 27,48 euros, en fin d'après-midi.
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