Steve Case va quitter AOL-Time Warner

Personnage symbole des espoirs et des exagérations de la Nouvelle Economie, Steve Case, le président d'AOL-Time Warner, va à son tour tirer sa révérence. Sous la pression de ses actionnaires, le fondateur du géant des médias, sous le feu des critiques depuis des mois, a annoncé dimanche qu'il démissionnerait en mai, lors de l'assemblée annuelle des actionnaires. "Etant donné que certains actionnaires continuent à concentrer sur moi leur déception à la suite des performances depuis la fusion, j'en ai tiré la conclusion que nous devrions prendre des mesures maintenant", a-t-il déclaré dans un communiqué. Il restera cependant membre du conseil d'administration.A l'origine de ce départ: le rachat de Time Warner par AOL dirigé par Steve Case et qui a pris effet au début de l'année 2001. Lors de son annonce, l'opération était évaluée 155 milliards de dollars, mais au gré des dépréciations, sa valeur a été ramenée à 106 milliards de dollars. Avec l'éclatement de la bulle, les espoirs mis dans la convergence entre les contenus et les tuyaux qui justifiaient alors la fusion des deux groupes ont largement fait long feu. Au contraire, AOL, le service d'accès à Internet du groupe, loin de générer de nouveaux canaux de distribution pour les contenus des autres filiales, est devenu un véritable boulet. Au point qu'en octobre dernier, Steve Case aurait même envisagé la scission des deux groupes pour revenir à la situation de 1999. Il faut dire que depuis la fusion effective, le titre a perdu plus de 70% de sa valeur sur les marchés américains. Au premier trimestre 2002, AOL-Time Warner a même passé pour 54 milliards de dollars de dépréciations d'actifs pour rendre compte de la différence entre la valeur comptable et la valeur payée de la fusion. Le groupe pourrait à nouveau inscrire pour la même raison plusieurs milliards de dollars de provisions.La démission de Steve Case marque la fin de la prépondérance d'AOL sur Time Warner. Avant lui, les résultats mitigés d'AOL avaient déjà provoqué, l'an passé, le départ de son bras droit Bob Pittman. Depuis le début, le combat de titans entre l'arrière garde de Time Warner et les jeunes loups d'AOL bat son plein. C'est dans ce cadre que Richard Parsons, vétéran de Time Warner, avait d'ailleurs pris les commandes de la société en tant que PDG, une succession organisée par Gerald Levin, l'un des artisans de la fusion, parti en retraite. D'ailleurs, l'un des pourfendeurs de Steve Case n'est autre que Ted Turner, fondateur de CNN et principal actionnaire individuel d'AOL Time Warner, qui dénonce depuis un moment la stratégie du président. Cadre de Pizza Hut Le paysage d'AOL a donc bien changé depuis sa création en 1991. Son histoire n'est pas celle du garage de Yahoo! mais elle y ressemble. A l'origine, Steve Case n'est pas un fou d'informatique, loin de là. Il est simple cadre au marketing de Pizza Hut. Chargé de trouver de nouvelles garnitures pour les pizzas, Steve Case s'ennuie beaucoup à Wichita, petite ville du Kansas. L'homme décide alors d'assembler un ordinateur et de le brancher sur le seul service d'accès à Internet qu'il connaisse, The Source. La procédure - laborieuse - lui prend deux semaines. C'est sur cette idée d'un service d'accès Internet rapide et facile que nait AOL. Tout se précipite au début des années 90. L'entreprise nait en 1991 avec des moyens limités et survit à la concurrence de géants de l'informatique comme Apple qui mettent des millions de dollars dans Internet. En 1992, AOL entre à la Bourse de New York. Pendant des année, Steve Case multipliera les acquisitions: tour à tour il s'emparera entre autres de Compuserve puis de Netscape en novembre 1998 pour... 4,21 milliards de dollars. Mais la croissance a un prix: en 1997, le groupe annonce une perte trimestrielle de 350 millions de dollars, en raison des dépenses marketing. Depuis, en dépit d'une base d'abonnés de plus de 34 millions, AOL accumule les pertes face à une conjoncture publicitaire difficile et à la croissance moins rapide que prévu de l'abonnement au haut-débit.A New York, le titre AOL-Time Warner gagne 2,15% en milieu de matinée à 15,20 dollars.
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