La Banque d'Angleterre relève ses taux, la BCE reste stoïque

La Banque d'Angleterre a annoncé aujourd'hui à 13h un relèvement d'un quart de point de son taux directeur, qui passe à 4%. Une telle décision, qui était largement anticipée, vise notamment à enrayer la flambée des prix de l'immobilier en Grande-Bretagne.C'est peu dire qu'une telle décision était attendue : 37 des 38 économistes du panel de Bloomberg prévoyaient un relèvement des taux britanniques d'un quart de point... Il faut dire que la Banque d'Angleterre avait déjà sérieusement envisagé une mesure identique la mois dernier. Et elle ne s'était abstenue que pour apporter sa contribution aux tentatives européennes pour enrayer l'effondrement du dollar.C'est en tout cas la deuxième fois en trois mois que la Bank of England (BoE) prend une telle initiative. En novembre dernier, elle avait déjà relevé ses taux de 0,25 point. Si la BoE est la seule des grandes banques centrales à avoir relevé ses taux ces derniers temps, cela tient aux caractéristiques de la conjoncture économique de la Grande-Bretagne, où la croissance économique est en pleine accélération. Dans son communiqué, elle souligne que "la reprise de l'économie mondiale s'est largement étendue" depuis la précédente réunion du comité de politique monétaire en janvier. Sur le plan domestique, poursuit-elle, "les dépenses des ménages et le recours à l'emprunt restent solides et le marché immobilier est robuste".Ce dernier point est sans doute déterminant dans l'attitude de la BoE, que la hausse continue des prix immobiliers inquiète vivement. Selon la dernière édition de l'indice Halifax, le rythme de hausse de l'immobilier était de 16% en décembre dernier, et cela après plusieurs années de fortes progressions. Il y a donc là une véritable "bulle" à laquelle la Banque d'Angleterre veut s'attaquer. D'où l'utilisation de l'arme des taux, qui a d'autant plus d'effet au Royaume-Uni que les crédits immobiliers sont presque systématiquement à taux variable. Dès lors, tout relèvement des taux de la BoE se traduit immédiatement par un renchérissement de la totalité des crédits immobiliers en cours.Si l'initiative affichée aujourd'hui par l'institut monétaire britannique était attendue, il en était de même pour la décision prise par la Banque centrale européenne. L'institut de Francfort, a choisi conformément aux attentes de laisser inchangé son principal taux directeur, à 2%, niveau qui est le sien depuis le mois de juin dernier. Lors de la conférence de presse qui a suivi cette annonce, Jean-Claude Trichet a employé une formule désormais célèbre pour justifier la position de la BCE en indiquant que l'institut n'avait pas l'intention de modifier son taux directeur dans l'immédiat, estimant "approprié" le niveau actuel. S'agissant de la conjoncture, le président de la BCE a affirmé que la reprise économique en zone euro était "relativement lente" mais qu'elle était "en marche". Ce rebond ne semble pas porter en lui de germes inflationnistes: "les risques inflationnistes devraient être contenus par des développements plutôt plus favorables sur le front des prix", a ainsi commenté Jean-Claude Trichet.Le léger repli de l'euro sur le marché des changes depuis son plus haut niveau atteint mi-janvier face au dollar (-3% environ) avait réduit la pression sur la BCE en faveur d'un assouplissement monétaire. En conséquence, à la veille de la réunion du G7 à Boca Raton en Floride, ce sont surtout les propos de Jean-Claude Trichet sur ce sommet et les questions de change qui y seront débattues qui ont retenu l'attention. Dans un premier temps, le patron de la BCE n'a pas manqué de rappeler qu'il n'avait pas pour habitude "d'annoncer des choses à l'avance pour ce qui est du G7". Néanmoins, le président de la BCE a réitéré l'importance que l'institut accorde à la stabilité des taux de change et a exprimé son "inquiétude au sujet de mouvements exagérés" de ces derniers. Dans l'attente de ce sommet, en tout cas, le dollar a fortement reculé jeudi, l'euro montant jusqu'à 1,2605 dollar en fin d'après-midi, contre 1,2536 dollar mercredi soir à New York. Une évolution qui montre que les marchés des changes ne croient pas que le G7 débouchera sur des mesures efficaces de raffermissement de la devise américaine.Oui à une amélioration, non à une réforme. Jean-Claude Trichet rejoint le point de vue affirmé par la Commission européenne sur la nécessité d'améliorer l'application du Pacte de stabilité en période de bas de cycle. Toutefois, le patron de la BCE se déclare opposé à une réforme du Pacte, jugeant ce dernier... "approprié dans sa forme actuelle".
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