Bruxelles prêt à plus de souplesse face aux déficits publics

"L'application du pacte de stabilité a peut-être été trop stricte ces cinq dernières années": c'est par cette phrase qui pourrait passer pour une forme de mea culpa que le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia a montré jeudi matin que la Commission est prête à infléchir sa politique face aux déficits publics. "Nous devons plus prendre en compte les développements économiques en formulant des recommandations pour la correction des déficits excessifs", a-t-il ajouté.Si le commissaire estime donc qu'il est "probablement nécessaire de clarifier certaines définitions dans les règles des procédures en déficit excessif", il n'est pas question pour autant de remettre en cause la nécessité de la discipline budgétaire. "Nous devons maintenir le cap dans nos efforts pour réduire nos déficits à moyen terme et réduire les niveaux de nos dettes", a-t-il ainsi ajouté. Une réflexion sur les modalités d'application du Pacte de stabilité apparaît d'autant plus nécessaire que de plus en plus de pays ont pris pour habitude de dépasser la barre autorisée des 3% de déficits publics. Ce matin, la Commission a d'ailleurs épinglé la Grèce et six nouveaux adhérents de l'UE: la République tchèque, la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, Chypre et Malte, enjoints de ramener leurs finances dans les clous du pacte de stabilité entre 2005 et 2008. Pour entrer en vigueur, les procédures et les recommandations de la Commission devront être avalisées par les ministres des Finances européens qui se réuniront le 5 juillet, sous la nouvelle présidence néerlandaise de l'UE. La Commission avait déjà mis sous surveillance depuis le mois dernier les finances publiques d'Athènes et des six nouveaux adhérents épinglés, dont les déficits ont dépassé en 2003 le plafond de 3% du produit intérieur brut fixé par le pacte de stabilité. Les sept pays épinglés aujourd'hui rejoignent le club de plus en plus ouvert des Etats en délicatesse avec le pacte européen. La France et l'Allemagne sont actuellement en déficits excessifs pour la troisième année consécutive. Les Pays-Bas ont aussi écopé le mois dernier d'une procédure en déficit excessif pour la dérive de leurs comptes en 2003. L'Italie risque de franchir la limite cette année et doit présenter le 5 juillet de nouvelles mesures si elle veut échapper à une procédure d'"avertissement précoce". La volonté d'ouverture manifestée aujourd'hui par la Commission devrait en tout cas satisfaire le ministre français des Finances Nicolas Sarkozy, qui s'est dit ce matin "certain" qu'un aménagement du Pacte de stabilité était nécessaire "pour qu'il prenne davantage en compte la situation conjoncturelle et la situation d'endettement de chaque pays". Pour le ministre, "l'objectif de déficit à moyen terme n'est pas forcément le même pour un pays qui a un lourd endettement et un système de retraite déséquilibré" et pour un pays qui connaît la situation contraire.
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