On s'attendait à de bons chiffres. Mais les 288.000 créations d'emplois aux Etats-Unis en avril dépassent largement toutes les prévisions des spécialistes, qui tablaient sur environ 170.000 nouveaux emplois. Plus remarquable encore: le révision à la hausse des chiffres de mars. Ce ne sont plus 308.000 - un chiffre déjà considéré comme considérable - mais 337.000 emplois qui ont été créés ce mois-là. Le taux de chômage est quant à lui redescendu à 5,6% en avril, contre 5,7 en mars. Les économistes considèrent les chiffres de créations d'emplois comme plus significatifs de l'état de l'économie américaine que l'évolution du taux de chômage.Il faut remonter à l'année 2000 pour retrouver un chiffre aussi élevé de créations d'emplois. Les experts attendaient les données d'avril avec impatience, afin de savoir si l'embellie du marché du travail, amorcée en début d'année, serait durable. Cette semaine cependant, le niveau élevé des indices ISM de l'industrie et des services, de même que la baisse du nombre de demandes hebdomadaires d'allocations chômage, avaient déjà suscité l'optimisme. Ces chiffres confirment donc le sentiment que l'économie américaine tourne actuellement à plein régime et que la reprise, longtemps considérée comme pauvre en emplois, se traduit enfin par une amélioration très forte sur ce plan. Tous les secteurs sont concernés par cette amélioration. L'industrie, longtemps grande sinistrée de la reprise, a créé des emplois pour le troisième mois consécutif (21.000 en avril).Après la publication de ces statistiques, le secrétaire américain au Trésor John Snow a estimé que "notre économie a pris un virage". Il s'attend à ce que "cette économie crée beaucoup plus d'emplois dans les mois à venir".Reste que cette excellente nouvelle économique a été plutôt mal accueillie par les marchés. En effet, l'hypothèse d'une hausse plus rapide que prévu (en juin plutôt qu'en août) des taux d'intérêt de la Fed semble désormais plus que probable, vu l'emballement de la machine économique américaine. Toutes les Bourses européennes ont donc décroché après la publication des chiffres du ministère du Travail américain, avant de se reprendre plus ou moins. Dans le même temps, l'euro a plongé, repassant sous la barre des 1,19 dollar en fin d'après-midi.Pour George W. Bush, très fragilisé sur l'Irak et la politique extérieure, ces chiffres tombent à pic. Car son adversaire démocrate John Kerry risque d'avoir de plus en plus de mal à formuler des critiques sur la question de l'emploi, première priorité des Américains selon tous les sondages. Justement, le président candidat s'est félicité vendredi de la création de 1,1 million d'emplois depuis août dernier, estimant que les "réductions d'impôts que nous avons mises en place marchent".

latribune.fr

19 Oct 2008, 22:39

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