"Le marché fait preuve d'une grande prudence à l'égard des valeurs du tourisme"

latribune.fr- Le marché avait-il pris en compte le risque terroriste sur les valeurs du tourisme ?Sébastien Valentin- Ce risque pèse de manière récurrente sur le secteur. Nous sommes restés depuis des mois sur des niveaux de valorisation assez bas pour une reprise de cycle. Le secteur était valorisé de 8,5 à 8,7 fois son Ebitda prospectif, au lieu de 10 à 10,5 fois pour des périodes comparables par le passé. Le marché fait preuve d'une grande prudence, d'autant que la faiblesse du dollar ne joue pas en faveur du secteur.Les attentats de Madrid vous ont-ils amené à revoir vos projections ?Les commentaires sont assez rassurants. Les tour opérateurs, comme TUI, ont dit ne pas avoir constaté d'impact sur l'état des réservations pour l'Espagne. Pas plus que Sol Melia, que nous avons contacté. De toute façon, la particularité du tourisme de loisir est d'être dans une problématique de choix de destination. En d'autres termes, le client étant rarement fixé à l'avance, l'apparition d'un risque va l'inciter à changer de destination plutôt qu'à annuler son voyage. Il y a donc peu d'effet sur le flux global, qui est avant tout dépendant de la conjoncture économique. Par exemple, cet hiver, la baisse de fréquentation de zones dites risquées (comme l'Egypte) a profité aux séjours en montagne.Cette mutation a-t-elle un impact sur vos recommandations ?Le profil de destinations des sociétés entre en ligne de compte, mais il n'est qu'un élément parmi de nombreux autres. Le segment d'activité a aussi son importance. Aujourd'hui, le levier est sur la clientèle d'affaires, ce qui explique que je privilégie Hilton. De la même façon, Accor, qui s'est progressivement dégagé du segment des loisirs, présente à mon sens l'un des meilleurs modèles du secteur, grâce à son leadership dans l'hôtellerie économique. Certes, alors que la France est à la traîne, sa forte présence à Paris le pénalise. Mais il ne faut pas oublier que la France ne représente que 30% de ses résultats (dont un tiers pour Paris) et que Accor n'est pas très exposé au haut de gamme (de loin le segment le plus affecté).Accor a justement été vu récemment comme un possible partenaire pour Club Med. Est-ce sensé ?Un rapprochement est tout à fait envisageable. Toutefois je reste vigilant sur la manière dont il pourrait se faire. Je ne serais pas favorable à une opération qui conduirait Accor à payer pour prendre le contrôle de Club Med. Le loisir est actuellement une activité soumise à de très fortes pressions sur les prix. Accor s'en est peu à peu dégagé et cela a contribué à optimiser la qualité de son modèle. Je serais en revanche plus favorable à une opération similaire à celle menée avec Barrière - qui s'apparente pour Accor à une sortie programmée du secteur des casinos - avec une participation minoritaire dans la nouvelle entité.
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