La "compagnie scandinave" SAS se scinde en trois compagnies nationales

L'adieu à l'unité scandinave. Après avoir échoué sur le plan politique et monétaire, l'unité des trois pays scandinaves enregistre un nouvel échec. Mercredi après-midi, la compagnie scandinave SAS a annoncé sa scission en trois entités, une par pays. SAS Group restera par ailleurs une holding regroupant les trois entités et gérant les vols intercontinentaux depuis la Scandinavie.Concrètement, chacune des trois entités prendra en charge les relations entre le pays en question et le reste de l'Europe. Concernant les liaisons entre les pays scandinaves, c'est la société la plus compétitive qui prendra en charge chacune d'entre elles. Le communiqué du groupe insiste d'aileurs sur sa volonté de développer la concurrence entre les trois entités. A noter que SAS Norvège devrait fusionner avec Braathens, une filiale actuelle de SAS en Norvège, et prendre le nom de SAS Braathens. Rien n'est pour le moment fixé concernant la destination des autres filiales : l'espagnole Spanair et la finlandaise Blue1.Selon la direction de la compagnie, encore détenue majoritairement par les trois gouvernements scandinaves, cette scission ne prépare pas une vente par appartement de SAS. "Il s'agit de créer des sociétés plus autonomes et plus réactives aux attentes du marché", a souligné lundi le porte-parole de la compagnie. Reste que ce même jour dans une interview accordée à notre partenaire allemand Handelsblatt, le président de SAS, Jörgen Lindegaard, a avoué qu'il s'agissait de la "dernière chance" de la compagnie. Ce plan s'accompagne d'un programme d'économies de 2 milliards de couronnes suédoises supplémentaires (218 millions d'euros) qui s'ajoute au programme d'économies de 14 milliards de couronnes (1,6 milliard d'euros) en cours actuellement.Il est vrai que SAS a été particulièrement victime de la crise du secteur. Traditionnellement prisée par la clientèle d'affaires, le groupe a subi un recul important de sa rentabilité. En 2003, il a perdu 1,415 milliard de couronnes suédoises (155 millions d'euros environ). Et SAS a été incapable de réagir par des réductions de coûts : la lourdeur de son administration, engluée dans quatre langues (danois, norvégien, suédois et anglais) et trois devises, a joué négativement. Résultat: des parts de marché perdues, notamment face aux low-cost. SAS n'en a d'ailleurs pas terminé. La décision de mercredi va faire l'objet de négociations avec les 39 syndicats représentant les 34.000 salariés du groupe dans les trois pays. La direction a cependant prévenu que, faute d'accord, elle déciderait des suppressions massives d'emplois et même des fermetures de divisions opérationnelles et de lignes. Déjà, des accords ont été trouvés avec certaines catégories de personnel, notamment les très revendicatifs pilotes norvégiens. Mais tout reste à faire concernant le personnel au sol et le personnel de cabine. Nul doute également que cette séparation, qui met fin à une compagnie unique fondée en 1951, marquera les esprits dans les trois pays alors que les questions d'intégration européenne y restent brûlantes.En attendant, les marchés réagissent fort mal à cette annonce. A Stockholm, la principale place où est cotée SAS, le titre a terminé la séance mercredi en baisse de 5,13%. Il est vrai que la compagnie, avec cette opération, va à contresens du mouvement actuel qui domine le secteur : celui de la concentration, comme en témoigne l'offre d'Air France sur KLM (lire ci-contre)
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