Consommation et industrie tiennent bon aux Etats-Unis

Le climat reste au beau fixe dans l'industrie américaine. En janvier, l'indice ISM des directeurs d'achats de l'industrie manufacturière a progressé de 0,2 point à 63,6. Il s'agit du huitième mois consécutif d'expansion pour l'industrie américaine. On considère qu'un indice ISM au-dessus de 50 signifie une période d'expansion, alors qu'un indice sous les 50 signifie une contraction de l'activité. En janvier, donc, le rythme d'expansion de l'activité industrielle a été le même qu'en décembre. Certes, le rythme de croissance des nouvelles commandes a été moins fort que le mois précédent (avec un indice à 71,1 contre 73,1 en décembre), mais la production a compensé cette baisse. L'indice de production gagne ainsi 1,9 point à 71,1. Sans doute, tout n'est pas rose. L'indice se stabilise après neuf mois de progression continue et la baisse du rythme des prises de commandes n'est pas de bon augure. D'ailleurs, l'indice ISM est en-dessous du consensus du marché qui, selon CDC-Ixis, était à 64. Surtout, le sous-indice de l'emploi recule de 0,6 point à 52,9. On reste donc au-dessus du seuil critique des 50, mais le passage de l'indice au-dessus de ce seuil en octobre et novembre n'avait pas permis de voir des créations nettes d'emplois dans l'industrie. Désormais, seuls 16% des directeurs d'achats interrogés estiment qu'il est temps d'embaucher, contre 21% en fin d'année 2003. Et même s'ils ne sont plus que 11% à penser que leurs entreprise va continuer à supprimer des emplois, les directeurs d'achats se montrent donc encore très prudents sur la situation de l'emploi industriel américain, le talon d'Achille de l'industrie américaine. Quoi qu'il en soit, cet indice confirme la solidité de la reprise industrielle outre-Atlantique. Et comme les chiffres de la consommation l'ont montré un peu plus tôt dans la journée, la croissance américaine devrait tenir bon. Du moins à moyen terme. Ainsi, les dépenses des ménages ont progressé de 0,4% au cours du dernier mois de l'année 2003. C'est un dixième de point de moins que ce qu'attendaient les économistes, mais le chiffre de novembre a été révisé à la hausse de 0,1 point. En novembre, ces dépenses ont donc progressé de 0,5%. L'élément marquant de la série de chiffres publiés ce lundi est que la croissance des dépenses demeure supérieure à celle des revenus, contrairement à ce que les premières données publiées pour novembre laissaient croire. Ainsi, en novembre, les revenus des ménages ont progressé de 0,3% (contre +0,5% annoncé précédemment) et en décembre de 0,2%. A court terme, ces chiffres semblent plutôt positifs. Malgré une contribution nulle de l'impôt en décembre, rien donc ne semble arrêter "la fièvre acheteuse" des Américains, notamment en biens durables (+1,8% sur un mois). Du coup, il n'existe aucune raison pour que la croissance cesse de reposer sur cette forte progression de la consommation. Mais si l'on regarde à plus long terme, les chiffres de décembre laissent plus perplexes. D'abord, les salaires baissent de 0,2%. Du jamais vu depuis bien longtemps. Un recul qui doit évidemment être lié à la situation de l'emploi aux Etats-Unis. En l'absence de vraies créations d'emplois, le marché du travail devient un marché d'offre. D'où la baisse des salaires. Voilà qui devrait inquiéter à terme les ménages et nuire à la consommation. Autre source d'inquiétude, le faible taux d'épargne. Contrairement à ce que les chiffres préliminaires de novembre laissaient penser, ce taux n'a cessé de reculer pour atteindre 1,3% en décembre, son plus bas niveau depuis un an. Or, la faiblesse de ce taux d'épargne participe au creusement futur du déficit courant américain. Un déficit qu'il faudra bien maîtriser un jour ou l'autre. Sans compter que les ménages américains continuent manifestement à s'endetter. Et là aussi, ce cercle vicieux ne peut durer à terme. Bref, ces chiffres confirment la réalité de la reprise américaine, mais ils confirment aussi que cette reprise se fait à crédit.
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