L'avenir du tout nouveau terminal 2E de Roissy Charles-de-Gaulle paraît de plus en plus compromis. Alors que des dizaines de pompiers et d'enquêteurs travaillaient dans l'aérogare, au lendemain de l'effondrement d'une partie du toit, le terminal a été entièrement évacué lundi pour cause de "craquements" dans la voûte du bâtiment. La veille, le terminal avait été fermé au public pour une durée indéterminée, après l'effondrement d'une partie de l'aérogare.Lundi matin, la société Aéroports de Paris (ADP) a indiqué que la destruction totale du hall 2E était envisagée, au cas où "tous les anneaux qui composent ce terminal" seraient "irrécupérables". Pour l'heure, "aucune piste" n'est mise en avant par ADP pour expliquer ce drame. "Il va falloir plusieurs jours, voir plusieurs mois" pour comprendre, a déploré lundi Hubert Fontanel, le chef de projet du terminal 2E. De son côté, l'architecte français Paul Andreu, qui a dessiné le terminal, s'est dit "bouleversé", ne s'expliquant pas les raisons de l'accident. L'entreprise GTM (filiale de Vinci), qui a construit la voûte en béton, n'est pas non plus en mesure de fournir des hypothèses. Ses spécialistes se sont rendus sur les lieux de la catastrophe dès dimanche. Pas d'explication non plus de l'entreprise Hervé, qui a construit l'infrastructure sur laquelle reposaient les coques en béton: ses dirigeants n'étaient pas joignables lundi.Après le drame de dimanche, les vols quotidiens opérant au départ et à l'arrivée du terminal 2E ont été déplacés. Pour Air France, la réorganisation se fera au jour le jour, le trafic étant redistribué sur les halls 2A, 2B, 2C et 2F. Les vols des autres compagnies concernées (Delta, Korean Air, CSA, Aéromexico) sont transférés, jusqu'au 31 mai, vers les terminaux 2B et 2C. L'immense terminal 2E, inauguré en juin 2003, est destiné à Air France et à ses partenaires de l'alliance "Sky Team", qui ambitionnent d'y transférer de très nombreux vols, dans le cadre d'une plate-forme de correspondances. L'enjeu est double: augmenter le trafic et réduire les coûts. Ce terminal doit par ailleurs accueillir les premiers points de contact pour le futur très gros porteur Airbus A380, dont la livraison est prévue en 2006.Les syndicats CGT et UGICT-CGT (cadres) d'Air France ont déclaré "craindre que la politique en vigueur, en terme de rentabilité à court terme et de productivité, n'incite certains à bâcler des chantiers au mépris de vies humaines". Les deux organisations rappellent que "l'ouverture du terminal s'est accompagnée de grandes difficultés, notamment en termes de conditions de travail pour les personnels (...) et de qualité de service envers les passagers à qui l'on a offert l'image d'un terminal inachevé". La CGT et l'UGICT-CGT avaient "à l'époque, dénoncé les conditions d'ouverture" du terminal 2E.Le Comité d'hygiène et de sécurité (CHSCT) et le Comité d'établissement de l'escale de Roissy d'Air France ont été convoqués lundi après-midi en séance extraordinaire. Quelques heures auparavant, les responsables des syndicats de la compagnie aérienne française avaient été reçus par la direction générale d'Air France. Les syndicats craignent que la fermeture durable du hall 2E n'affecte le développement de la compagnie et ses emplois.

latribune.fr

19 Oct 2008, 23:32

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