Alstom veut renégocier avec ses banques

Si l'inauguration aujourd'hui du TGV coréen, le KTX, a permis à Alstom de faire la preuve de sa compétence technique avant d'aller défendre ses chances en Chine où doit être attribué un contrat de TGV reliant Pékin à Shangaï, elle a aussi été l'occasion pour le PDG Patrick Kron de faire le point sur la santé financière de son groupe.Et de ce point de vue, la tonalité est à peu près la même que début mars (voir ci-contre). En d'autres termes, le redressement se poursuit mais il coûtera cher à court terme. "En raison des charges de restructuration et des frais financiers, nous aurons un exercice 2003/2004 [ndlr: à fin mars] qui sera à nouveau très déficitaire", a annoncé Patrick Kron devant la presse.Dans ces conditions, il sera très probablement impossible pour le groupe de respecter les cinq engagement ("covenants") pris envers les banques qui ont participé à son sauvetage l'an passé. "Trois concernent la réduction de la dette et ne posent pas problème (...). Nous nous désendettons plus rapidement que prévu", a indiqué le PDG.En revanche, la situation est différente pour les deux engagements suivants qui concernent les fonds propres et l'Ebitda. Concernant notamment ce dernier critère, Alstom n'est en effet plus du tout sûr d'atteindre le chiffre de 100 millions d'euros prévu initialement pour l'exercice. En conséquence, "je vais demander aux banques de modifier ou d'abandonner ces deux covenants", a expliqué Patrick Kron.Un nouveau bras de fer va donc s'engager alors que les banques (et l'Etat français) ont dû voler au secours du groupe l'an passé en participant à un plan de refinancement de 3,2 milliards d'euros. Mais si le groupe avait il y a quelque mois le couteau sous la gorge, la situation semble aujourd'hui un peu moins tendue.Certes, l'exercice 2003/2004 restera en demi-teinte. Les charges de restructurations ont été réévaluées de 450-500 millions à 650 millions d'euros. La marge opérationnelle ne sera pas de 2 à 2,5% comme attendu initialement, mais inférieure à 2%. Et la perte en cash-flow libre sera de 1 à 1,2 milliard d'euros et non pas de 800 millions à 1 milliard.Toutefois, le redressement s'opère peu à peu. Les restructurations se poursuivent "plus vite" que prévu d'après Patrick Kron. Et contrairement à ce qu'on pouvait redouter, les clients n'ont pas fui. Alstom vient d'annoncer un nouveau contrat d'équipements de protection de l'environnement pour 230 millions d'euros qui complète un carnet déjà bien rempli. Morgan Stanley se dit même "surpris" au regard des 3,8 milliards de commandes engrangées depuis janvier par le Français.Bien que les observateurs attendent encore avec impatience la décision de la Commission européenne à propos de la main tendue par l'Etat français, les doutes semblent donc se lever progressivement. C'est ainsi que Morgan Stanley a relevé de 18% ses prévisions de bénéfices pour 2006, un exercice pour lequel le groupe a confirmé son objectif de marge opérationnelle de 6%.Les discussions devraient donc s'en trouver facilitées. Et d'ores et déjà l'un des soutiens d'Alstom s'est dit prêt à négocier. "Il y a un problème de respect des covenants que nous essaierons de traiter", a déclaré Laurent Vieillevigne, membre du directoire de CDC Ixis (la banque est exposée à hauteur de 220 millions d'euros), en précisant que "le carnet de commandes est bon". Patrick Kron se veut en tout cas confiant: "les banques ne vont pas tirer le tapis sous les pieds d'un groupe qui se redresse", a-t-il résumé. A la clôture, le titre gagne 5,95%, à 1,96 euro.
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