Pour les salaires, la bulle est de retour

Les chiffres laissent rêveurs, tant en valeur absolue qu'en pourcentage. Aux Etats-Unis, en 2003, lorsque l'on est banquier, avoir perçu moins de 20 millions de dollars en salaires, primes et autres stock-options vous classe immédiatement dans la catégorie des gagne-petit. Le record est atteint par Sandy Weill, l'ancien patron de Citigroup, qui a empoché 44,7 millions de dollars l'an dernier. Son dauphin, Charles Prince, ne s'en sort pas trop mal non plus avec 29,2 millions. A citer aussi les jolis "packages" attribués aux patrons de Merrill Lynch (28,1 millions de dollars), Goldman Sachs (21,4 millions) ou encore JP Morgan (20 millions tout juste). Bref, c'est l'inflation, avec des progressions qui s'échelonnent entre 30% et... 397% (toujours Sandy Weill). Bien sûr, tous ces dirigeants sont méritants puisque leurs établissements ont enregistré l'an dernier de solides performances. La meilleure tenue des marchés financiers, la croissance plus solide aux Etats-Unis leur ont permis de tirer leur "bottom line" vers le haut. Il ne faut pas oublier non plus qu'après l'éclatement de la bulle en 2000, la plupart des grandes banques n'ont pas hésité à tailler dans leurs effectifs, qui ont parfois été réduits de 30% en quelques mois. Aujourd'hui, le marché de l'emploi dans la finance américaine est reparti mais le taux de croissance des embauches n'atteint pas encore celui de la rémunération des patrons. Ceux-ci, bien sûr, devaient bien évidemment rattraper deux années de vaches maigres où leurs salaires ne se comptaient pas en dizaines de millions de dollars, mais en simples millions. Une misère. Cela dit, tout ceci est-il bien raisonnable? Un banquier français évoque, sous le sceau de l'anonymat, son incrédulité face aux sommets atteints par la rémunération de ses homologues anglo-saxons. "Cela les coupe d'une certaine réalité", analyse-t-il. Il est vrai qu'après les excès de la fin des années 90, beaucoup s'étaient interrogés sur la pertinence de ces colossales rémunérations et leur compatibilité avec les intérêts de l'entreprise. Pas simplement dans la banque, d'ailleurs. Visiblement, le retour à une certaine prospérité a eu tôt fait de balayer ces timides atermoiements. Tout juste pourra-t-on observer que dans les banques, les patrons sont rarement les mieux payés. Les hommes de marché peuvent accumuler de colossales fortunes en quelques années. Mais leur carrière est généralement beaucoup plus courte!
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