Devedjian réclame une baisse du prix des CD et des téléchargements de musique

Patrick Devedjian ne passe pas une semaine sans s'indigner des tarifs pratiqués par les acteurs des industries grand public. Après la téléphonie mobile, et les confortables marges réalisées sur les SMS, c'est au tour de l'industrie musicale d'être prise pour cible des attaques du ministre délégué à l'Industrie. Ce dernier réclame ainsi, dans un entretien accordé au Parisien-Aujourd'hui de ce lundi, une baisse des prix des CD et des téléchargements de musique sur Internet.Si Patrick Devedjian suit les professionnels de la musique en admettant que "la piraterie est un drame pour l'industrie du disque, et (qu')il faut la combattre", son ton se veut ensuite beaucoup plus agressif: "je pense que la responsabilités des industriels est également engagée dans cette affaire", affirme-t-il. Le piratage existe car "les disques sont trop chers et certains titres ne sont plus disponibles que sur Internet". "Les responsables du secteur considèrent qu'il est plus profitable pour eux de fabriquer des vedettes pour vendre des disques. En effet, mieux vaut promouvoir un inconnu dont on fait une vedette à grands coups de marketing et de radio et de télévision. Cela ne prend guère plus de 8% de marge alors qu'un Michel Berger en méritait 22%."Le ministre s'en prend ensuite à l'offre disponible en vente. "Même en matière de musique classique (un secteur pourtant non piraté), on ne trouve plus aujourd'hui le choix fantastique qu'on avait à l'époque du vinyle." "Voilà pourquoi je pose un problème de fond: qui fait mal son métier dans cette affaire?".Pour empêcher le piratage, il demande donc une baisse du prix du téléchargement de musique sur Internet, jugé "presque aussi élevé que le prix d'un CD", vers un tarif qui "compte tenu des risques à la fois de virus et de poursuites judiciaires, ferait arbitrer le consommateur en faveur du téléchargement légal".Quant à la baisse du tarif du CD, Patrick Devedjian rejette catégoriquement une baisse de la TVA. "Au lieu de s'arc-bouter sur la défense du CD, les industriels feraient mieux d'investir sur les nouvelles technologies. D'autant que je n'ai pas oublié que lorsque la TVA est passée jadis de 33% à 18,6%, les prix payés par le consommateur n'ont baissé que de 8%". Pour être certain qu'une véritable concurrence joue dans le pays, il prévient que "l'Etat dispose de moyens d'investigation pour vérifier que le marché fonctionne loyalement. Nous les utiliserons." Le ministre achève sa harangue par le rappel de son succès dans la téléphonie. "Quant les prix sont trop élevés, c'est généralement signe que la concurrence ne joue pas assez. On l'a vu sur le prix des SMS et des mobiles". Sans doute pour laisser entendre aux acteurs du secteur qu'il ne baissera pas les bras rapidement.Ceux-ci n'ont pas tardé à se faire entendre. Dans un communiqué, l'Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI) apprend "avec consternation les déclarations (du ministre) concernant la baisse de la TVA sur le disque". "Considérer cette baisse comme un combat d'arrière-garde c'est nier la spécificité culturelle du disque et oublier qu'une telle mesure permettrait de lutter contre la piraterie en rendant le disque accessible au plus grand nombre." "Cette position est totalement contraire aux engagements du président de la République et réaffirmée à plusieurs reprises par Jean-Pierre Raffarin." De son côté, le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) "s'étonne des propos relatifs à la baisse de la TVA". "Cet engagement a été pris par le président de la République et le Premier ministre et a été récemment réaffirmé par le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, sans aucune ambiguïté." Comme lors de sa montée au créneau sur les tarifs du SMS, les réactions à l'égard du ministre délégué à l'Industrie s'avèrent donc plutôt vives. Nul doute qu'il devait s'y attendre.
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