La boulimie de consommation des Français ne ralentit pas

Le prix du pétrole a beau battre des records, le chômage rester désespérément élevé et le pouvoir d'achat déprimé, il semblerait que les Français consomment plus que jamais. Selon les chiffres publiés ce matin par l'Insee, la consommation des ménages en produits manufacturés a en effet bondi pendant l'été, progressant de 1,2% en juillet et de 1,9% en août (après +1,5% en juin), en données corrigées des jours ouvrables et des variations saisonnières. Sur un an, la hausse de la consommation des ménages en produits manufacturés atteint donc le chiffre spectaculaire de 5,7%... Si l'on regarde les dépenses de consommation dans le "champ commerce" (hors automobile, pneus, pièces détachées et produits médicaux), la performance est encore plus impressionnante: la hausse atteint +2,0% en juillet et +2,2% en août. En ce qui concerne les biens durables, la progression est de 1,9% en juillet et de 2,5% en août. Les biens d'équipement du logement ont bénéficié d'un engouement tout particulier de la part des consommateurs, avec des progressions de 4,4 et 3,9% en juillet et août.C'est peu dire que ces chiffres surprennent les économistes. "On a du mal à expliquer une telle évolution", affirme ainsi Emmanuel Ferry, chez Exane, interrogé par l'AFP, "tous les déterminants traditionnels sont mal orientés (confiance médiocre, prélèvement pétrolier, emploi en stagnation, faible augmentation du pouvoir d'achat du revenu disponible, faible crédibilité du gouvernement), et les effets de la dynamique immobilière sont en train de s'épuiser". Selon l'économiste, en fait, "seule la baisse des prix des biens manufacturés permet d'expliquer ce rebond des dépenses en volume".C'est en fait le "recours massif au crédit" qui explique cette bonne tenue de la consommation, estime Marc Touati, chez Natexis Banques Populaires. Ce qui constitue d'ailleurs selon lui un facteur de fragilité pour la consommation. Car si l'emploi ne redémarre pas, analyse-t-il, "les situations de surendettement risquent de se multiplier et la consommation de rapidement corriger ses actuels excès". Reste que, comme le souligne Sylvain Broyer, économiste zone euro chez Ixis CIB, la consommation a donc enregistré un "excellent démarrage" pour le troisième trimestre. Ce qui l'amène à réviser sa prévision de croissance de la consommation sur le trimestre de +0,3% à +1%. De quoi ajouter 0,4% à la croissance de l'économie au cours du troisième trimestre.
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