La production industrielle recule, le déficit commercial se creuse

Dure fin de semaine pour Dominique de Villepin. Engagé dans une lutte contre le chômage - le plan d'action a été dévoilé ce mercredi - et dans un processus de restauration de la confiance des Français, le Premier ministre devrait accueillir froidement les chiffres décevants dévoilés ce matin par l'Insee et les services des Douanes.Première déception, les statistiques portant sur la production industrielle. Selon l'Insee, celle-ci a reculé de 0,3% en avril par rapport à mars en données corrigées des jours ouvrables et des variations saisonnières. En mars, la production industrielle avait affiché un repli identique.Petit îlot de réconfort pour la nouvelle équipe ministérielle, la production manufacturière (hors énergie et agroalimentaire) a progressé de 0,5%, après une baisse de 0,7% en mars.Selon les experts de l'Insee, la production industrielle de février-mars-avril recule de 0,6% par rapport aux trois mois précédents tandis que la production manufacturière se replie de 1%. Sur un an, les chiffres sont moins décevants : la production industrielle des trois derniers mois est stable alors que la production manufacturière augmente de 0,1% par rapport aux mêmes mois de 2004. Principal facteur permettant d'expliquer ce recul de la production industrielle, la baisse de l'activité dans le secteur de l'énergie, en baisse de 4,8%. "Cette baisse est logique après la nette progression enregistrée ces derniers mois, stimulée par la hausse des cours mais aussi par un hiver rigoureux", précise Laure Maillard chez Ixis CIB. En recul également, les produits de l'industrie textile (-2,7%) et les produits chimiques, en caoutchouc ou plastique (-0,6%).En revanche, les biens de consommation sont en hausse de 0,7%. La production progresse dans l'imprimerie et l'édition (+1,7%), l'habillement et les chaussures (+0,8%), les produits pharmaceutiques, de parfumerie et d'entretien (+0,3%) et les équipements du foyer (+0,2%). L'industrie automobile est également en augmentation (+0,7%) ainsi que les biens d'équipement (+0,6%) tirée par la bonne tenue de l'activité dans l'industrie aéronautique. Les biens intermédiaires augmentent également (+0,4%). La construction est aussi à l'honneur, son activité affichant une progression de 1,6%. Quant aux industries agricoles et alimentaires, elles sont quasi-stables sur la période (-0,1%)."Même si ces chiffres sont moins mauvais qu'il n'y paraît, le petit rebond de la production manufacturière constituant une bonne surprise, le risque de récession dans le secteur industriel se confirme", souligne Nicolas Claquin au CCF interrogé par latribune.fr. Seconde mauvaise nouvelle pour le gouvernement de Dominique de Villepin, la balance commerciale de la France continue de se dégrader, le déficit passant de 2,379 milliards à 3,215 milliards d'euros entre mars et avril, selon les données corrigées des variations saisonnières communiquées par les services des Douanes.Pointée du doigt ces derniers mois, la facture énergétique, tirée par la hausse récente des cours du pétrole, n'est plus la seule explication au creusement du trou commercial de la France. "Ce mois-ci, le poids de la facture énergétique n'est pas seul en cause : le déséquilibre marqué des échanges industriels civils génère à lui seul un déficit de plus de 1,8 milliard d'euros", précisent ainsi les Douanes. Les exportations, qui s'élèvent à 28,585 milliards d'euros en avril, affichent un repli trimestriel de 0,6%. Sur un an, elles reculent de 4,5%. A l'origine de cette mauvaise performance commerciale de la Maison France, la mauvaise tenue des exportations industrielles, en partie corrigé par les biens intermédiaires et les biens de consommation. Les exportations souffrent également du recul observé des ventes d'équipements de transport, notamment d'Airbus, qui, très dynamiques en début d'année, "retrouvent leur tendance antérieure". Quant aux ventes de l'industrie automobile, elles demeurent en retrait, comme les deux mois précédents.De leur côté, les importations s'élèvent à 31,800 milliards d'euros. Si elles progressent de 3% sur les trois derniers mois, elles affichent un bond de 13% en glissement annuel, fortement stimulées par la hausse de la facture énergétique mais également par la forte consommation des ménages français.Sur le plan de la répartition géographique des échanges, les Douanes constatent une contraction des exportations avec les 25 pays de l'Union européenne tandis que les ventes en Amérique, en Asie et en Afrique restent "fermes". Au niveau des importations, selon les experts des Douanes, "la poussée des importations industrielles explique la hausse des achats auprès de l'Union européenne et du reste de l'Europe". Par ailleurs, les importations en provenance du Proche et Moyen-Orient et de l'Afrique restent imputables au secteur énergétique. A noter, les importations asiatiques se stabilisent, le repli des achats textiles - sujet de polémique ces dernières semaines entre la France, l'Union européenne et la Chine - est compensé par la hausse des biens intermédiaires. Enfin, les achats effectués en Amérique sont en retrait, comme les mois précédents."Cette nouvelle dégradation de la balance commerciale et le recul, pour le troisième mois consécutif, de la production industrielle sont liés. Si le moteur externe est en panne, la production industrielle est logiquement en panne. La France paie ainsi son trop fort positionnement commercial en zone euro, où la croissance est faible, et son insuffisante présence dans les pays émergeants très dynamiques", explique Nicolas Claquin.
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