Warren Buffett dans le collimateur

Si l'assemblée générale des actionnaires de Berkshire Hathaway est en général l'occasion, pour son président Warren Buffett, de faire un véritable numéro de claquettes, avec chansons et bons mots à l'appui, les choses pourraient bien être différentes cette année. Warren Buffett, qui n'a jamais hésité à critiquer les autres patrons de grands groupes américains, devra en effet sans doute répondre à des questions gênantes. Comme celle de savoir s'il était au courant de transactions, effectuées par le biais de la société de réassurance de son groupe, General Re, au profit du plus grand assureur mondial, AIG. Déjà, dans le cadre d'une enquête lancée en février par le procureur de l'Etat de New York, Eliot Spitzer, il a dû s'expliquer sur l'usage de contrats assez obscurs, mais qui permettent aux bénéficiaires, comme AIG, de gonfler artificiellement leurs performances financières. Le vieux sage (74 ans) a décidé de coopérer avec les autorités réglementaires et paraîtra devant elles dans une dizaine de jours. Pour l'instant, cependant, sa réputation est intacte. Certains autres patrons d'industrie américains ont beau avoir été touchés par une vague de scandales, Buffett reste, pour le moment au moins, intouchable dans l'esprit de beaucoup. Car pour de nombreux observateurs, non seulement il a toujours fait preuve d'une grande déontologie, mais surtout, il a toujours affiché des performances hors du commun avec Berkshire Hathaway et enrichi ses actionnaires. Quand ce n'est pas le cas, d'ailleurs, il s'en excuse ! Dans sa lettre aux actionnaires de février dernier, il demandait ainsi pardon: les actions de Berkshire Hathaway n'avaient en effet gagné que 10,5% sur l'an dernier, quand l'indice de référence, le S&P avait pris ... 10,9% ! Reste que son attitude bon enfant ne trompe pas tout le monde. Alors que les conseils d'administration sont dans le collimateur des associations d'actionnaires, Buffett a ainsi été critiqué l'an dernier par Institutional Shareholders Services. Il siège en effet au conseil d'administration de Coca Cola alors que Berkshire Hathaway a en même temps des participations dans deux autres entreprises liées à Coca Cola. Bref, contrairement à ce que l'on pourrait croire, le vieux Warren n'est peut-être pas aussi indépendant qu'il ne voudrait le faire croire. Qu'en est-il de ses relations avec General Re ? Selon l'intéressé, les décisions, en matière de gestion et donc de vente de produits de réassurance, sont laissées aux responsables directs de General Re. Buffett ne leur parle pas et n'était donc pas au courant des transactions mises en cause par les autorités réglementaires. Reste à savoir s'il dit la vérité, et s'il pourra convaincre les autorités réglementaires dans quelques jours.
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