Le président argentin durcit le ton à l'égard de Suez

Le climat s'alourdit de plus en plus autour de Suez en Argentine, depuis que le groupe français a annoncé vouloir se retirer de sa filiale Aguas Argentinas, concessionnaire du service des eaux de Buenos Aires: jour après jour, le président Néstor Kirchner, en campagne pour les législatives du 23 octobre, s'en prend au groupe français, avant d'être relayé sur les ondes par ses ministres.La semaine dernière, dans une banlieue populaire de Buenos Aires, il a ainsi lancé: "Voyez cette localité, qui n'a ni eau ni égouts, [...] c'est la responsabilité d'Aguas Argentinas, de Suez, qui n'a rien investi. [...] Le peuple argentin doit savoir que des communes telles que celle-ci souffrent à cause de ces entreprises qui ne respectent pas le droit de nos concitoyens, le droit à la santé, le droit à l'eau, qui est un service essentiel pour la vie". Quant au ministre de l'Intérieur, Aníbal Fernández, il prédit "des maux de tête" juridiques pour Suez, au cas où le groupe persisterait à vouloir rompre "unilatéralement" le contrat de concession signé pour 30 ans en 1993, alors que celui de la Planification, Julio de Vido, annonce que les "manquements" du concessionnaire seront communiqués à la justice, ajoutant qu'il pourrait en découler de "graves" conséquences pour les dirigeants de la société.C'est dans ce climat qu'une assemblée générale des actionnaires d'Aguas a confirmé, le 22 septembre, après le conseil d'administration du 19, que Suez engageait le processus devant mener à son départ, ainsi qu'il l'avait décidé dix jours plus tôt, suite à l'échec des négociations sur un nouveau cadre contractuel pour la concession. Il atteste de l'embarras des autorités, qui ne s'attendaient pas, en dépit du veto présidentiel à l'augmentation tarifaire souhaitée par le groupe, à une rupture. Outre sa participation (près de 40%) dans le capital, ce dernier est opérateur de la compagnie. Or, il n'existe pas, pour l'heure, de solution de remplacement. A ce sujet, les spéculations selon lesquelles le deuxième actionnaire, Aguas de Barcelona (contrôlé à parts égales par Suez et le groupe financier espagnol La Caixa), pourrait prendre le relais après un "vrai faux" départ semblent avoir bien peu de fondement.Certains proches du dossier en déduisent qu'un arrangement de dernière minute reste possible, à condition qu'il puisse être présenté à l'opinion comme une victoire du gouvernement. S'il n'est pas tout à fait exclu, ce scénario ne paraît pas moins très improbable aujourd'hui. En attendant, et quel que soit le dénouement, les diatribes vont continuer. Au risque de renforcer un courant hostile aux entreprises, notamment étrangères, et particulièrement françaises, dans le pays. Et de priver l'Argentine d'investissements dont elle aura grand besoin à l'avenir.
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