Déficit commercial record pour les Etats-Unis en 2004

Le timide redressement de la balance commerciale amorcé en décembre n'aura évidemment pas suffi. En 2004, et pour la troisième année consécutive, les Etats-Unis ont enregistré un déficit commercial record. Selon le département du Commerce, il affiche une hausse de 24,4% par rapport à celui enregistré en 2003, à 617,7 milliards de dollars. En 2004, les importations, en hausse de 17,9% à 1.764 milliards de dollars, ont atteint un sommet. Un record que les exportations, bien qu'elles aient également atteint un niveau inédit, n'ont pu compenser. Portées par un dollar faible - le billet vert a perdu 30% de sa valeur face à l'euro entre 2002 et 2004 -, dans un contexte très favorable puisque les échanges commerciaux ont tiré la croissance mondiale en 2004, celles-ci ont progressé de 13,9% à 1.146 milliards de dollars. A l'origine de ce record annuel, la boulimie consommatrice des ménages américains. Une consommation qui, si elle a à nouveau représenté le principal moteur de l'économie outre-Atlantique, soutenant une croissance qui s'est finalement élevée à 4,4% en 2004 (voir ci-contre), a eu également pour effet de faire plonger les chiffres du commerce extérieur dans le rouge. L'économie américaine, comme celles de la plupart des pays industrialisés, est largement dominée par les services. Pour mémoire, le secteur tertiaire représente 70% du PIB américain. De ce fait, lorsque les ménages consomment, les importations augmentent, creusant mécaniquement le déficit commercial. Les échanges des Etats-Unis sont déficitaires avec la plupart de leurs partenaires commerciaux, Chine en tête. En 2004, les importations en provenance de Chine ont représenté la bagatelle de 162 milliards de dollars, soit le quart du déficit commercial américain global. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'administration Bush réclame avec insistance la fin du peg dollar/yuan qui empêche l'appréciation de la monnaie chinoise face au billet vert. La hausse du prix du pétrole a également une incidence. En 2004, le prix moyen du baril a atteint un plus haut depuis 1981. Résultat, la facture pétrolière s'élève à 164 milliards de dollars, contre 120 milliards en 2003.Les statistiques de décembre constituent l'unique bonne nouvelle du jour pour l'administration Bush. En effet, sur le dernier mois de l'année, le déficit s'est légèrement réduit par rapport au mois précédent, affichant une baisse de 4,9% à 56,4 milliards de dollars en raison d'une hausse sensible des exportations - +3,2% à 100,2 milliards de dollars - mais également du recul du prix du pétrole." L'amélioration de la balance commerciale en décembre est une bonne nouvelle, même s'il est encore trop tôt pour savoir si c'est une tendance lourde. Les gains de productivité enregistrés par l'industrie américaine conjugués à la baisse du dollar produisent enfin leurs effets. De plus, la reprise de l'investissement qui semble se dessiner en Europe est à même de soutenir les exportations au cours des prochains mois, les biens d'investissement représentant le premier secteur exportateur des Etats-Unis", précise Alexandra Estiot de BNP Paribas, interrogée par latribune.fr. Pour Marie-Pierre Ripert chez Ixis CIB, le déficit commercial américain devrait continuer à se creuser cette année et ce, même si le dollar reprenait du terrain face à l'euro. "En 2005, les Etats-Unis devraient enregistrer une croissance plus forte que celle de leurs principaux partenaires commerciaux [Canada, pays de la zone euro]. En conséquence, le déficit de la balance commerciale ne pourra pas se résorber", explique l'économiste.
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