Après maintes rumeurs sur son avenir financier, Rue du Commerce s'est finalement décidé. A l'inverse de plusieurs concurrents, comme Grosbill qui a fait marche arrière et décidé de se faire racheter par le Groupe Auchan, Rue du Commerce se lance dans l'aventure boursière. Le site de vente en ligne va donc mettre sur le marché 41,27% de son capital. Le prix d'introduction a été fixé jeudi 29 septembre à 15,60 euros, soit tout en haut de la fourchette, cette dernière ayant été annoncée entre 13,42 et 15,60 euros par titre. L'entreprise est donc valorisée 167 millions d'euros, soit 0,93 fois son chiffre d'affaires et 21,4 fois son bénéfice net. Au total, l'entreprise mettra sur le marché 3.161.849 actions anciennes, augmentées de 689.180 actions nouvelles, ce qui représente 35,88% du capital. Il est également prévu un nombre maximal de 577.654 actions existantes en cas d'exercice de l'option de surallocation, soit 5,38% du capital.Sur la totalité des titres disponibles pour le marché, 90% seront destinés aux investisseurs institutionnels, le solde étant réservé aux particuliers. La première cotation aura lieu vendredi 30 à partir de 9h00.A l'issue de l'opération, les fonds d'investissement qui sont entrés au capital dès la création de l'entreprise en 1999 détiendront ensemble environ 40% du capital. Les fondateurs, Gauthier Picquart, président, et Patrick Jacquemin, directeur général, conserveront 20% du capital.Nouveau départRue du Commerce choisit donc la Bourse, alors qu'à une époque, le leader français du commerce en ligne de produits high-tech avait été approché par plusieurs industriels. L'un d'entre eux, le groupe Pinault Printemps Redoute, avait semble-t-il poussé les négociations assez loin.Mais pour les fonds d'investissement, se séparer de Rue du Commerce ne semblait pas la meilleure solution, étant donné la qualité de cette participation dans leur portefeuille. Au final, les fonds, qui avaient investi 20 millions d'euros depuis leur entrée dans le capital en 1999, vont récolter 41,7 millions en cédant près de 25% du capital. Une jolie plus-value...Mais cette entrée en Bourse est surtout un nouveau départ pour les fondateurs. Pour Patrick Jacquemin, "nous allons en Bourse à un moment où nous avons réussi à atteindre un premier palier. Cela nous donnera de la notoriété et permettra à nos actionnaires d'avoir de la liquidité. Mais cela nous permettra aussi de motiver nos salariés qui sont tous actionnaires de l'entreprise".Et pourtant, sur un modèle proche, Ldlc.com, qui est passé sur le Second marché en 2004, a perdu plus de 54% de sa valeur depuis le 1er janvier 2005 et cote aujourd'hui 10,15 euros. Les investisseurs vont-ils faire un accueil chaleureux à Rue du Commerce? La question devrait être rapidement résolue, mais les fondateurs sont plus que confiants. Un modèle qui marcheLa société, créée en 1999, se définit comme un "pure player" d'Internet, et compte plus d'un million de clients en France. L'objet principal de l'entreprise est de vendre, uniquement sur Internet, des produits issus des nouvelles technologies de masse, comme les ordinateurs, les appareil photos numériques, les téléviseurs, etc...Avec près de 5 millions de visiteurs uniques par mois, Rue du Commerce détient une part de marché de 20% en France, son seul marché aux dires de l'entreprise. Et le modèle semble fonctionner. Lancé en pleine bulle Internet, Rue du Commerce réalisait en mars 2000 (date de clôture des exercices) un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros pour une perte nette de 3 millions. Après avoir failli exploser en même temps que la bulle Internet, le groupe est reparti sur des bases saines à partir de mars 2002.Ainsi au 31 mars 2005, Rue du Commerce a réussi sa phase de transition et réalise désormais un chiffre d'affaires de 179 millions d'euros pour un résultat opérationnel de 5,3 millions d'euros et un bénéfice net de 7,8 millions d'euros. L'objectif pour l'exercice en cours est de surpasser le marché "comme nous l'avons toujours fait", précise encore Gauthier Picquart. Le chiffre d'affaires de l'e-commerce en France a augmenté de 37% entre janvier et juin, et "Rue du Commerce pourrait dépasser un taux de croissance de 40%".Un vrai projet de développementLes fonds levés en Bourse vont permettre au groupe de continuer à se développer. L'objectif est désormais de passer à l'attaque en "Italie et en Espagne, dans les 12 prochains mois" en répliquant le modèle utilisé en France. Et comme le dit son président, Gauthier Picquart, "c'est la meilleure solution, ce projet nous permet de nous développer, alors que nous avons atteint notre première phase de développement". Rue du Commerce considère avoir encore un potentiel de croissance en France. A l'heure actuelle, la société réalise 52% de son chiffre d'affaires dans l'informatique et 27% dans les appareils photos numériques. L'entreprise compte surtout sur le développement de nouveaux produits.Selon Médiamétrie, le taux de pénétration de la télévision atteint aujourd'hui 95,7%, et le parc pourrait être renouvelé complètement dans les dix prochaines années. De même, les lecteurs DVD pourraient être remplacés dans les cinq ans. Rue du Commerce mise donc sur le renouvellement des produits pour accompagner sa croissance. Mais cela ne l'empêche pas de miser sur le développement du marché de l'électronique grand public. En effet, le marché de l'e-commerce représente 11,5 millions d'acheteurs et le marché de l'électronique grand public atteint désormais 15 milliards d'euros: autant dire qu'au vu de ses chiffres actuels, Rue du Commerce a de la marge de croissance...Bref, un beau programme en perspective à condition que l'accueil en Bourse soit au rendez-vous. Résultat des courses demain...

latribune.fr

19 Oct 2008, 19:53

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