Dexia refuse les propositions de rapprochement avec Fortis

Le projet de rapprochement entre le bancassureur belge Fortis et la banque franco-belge Dexia n'a pas fait long feu. Evoqué hier par le quotidien belge Le Soir, ce projet d'étude préliminaire à un rapprochement proposé par Fortis a été rejeté en bloc par le conseil d'administration de Dexia.En résumé, les dirigeants de Dexia n'ont même pas souhaité se pencher sur la proposition de Fortis. La demande du bancassureur semble avoir été envoyée aux oubliettes aussi rapidement qu'elle avait été mise au point. Car Fortis a contacté Dexia hier après-midi après que le quotidien belge Le Soir a publié des informations sur un éventuel rapprochement entre les deux établissements. Dexia explique dans son communiqué qu'un tel rapprochement "n'était pas dans l'intérêt de la banque, de ses actionnaires, de son personnel et de ses clients". L'un des problèmes majeurs est qu'un rapprochement entre Fortis et Dexia créerait un groupe ayant plus de la moitié de part de marché dans la banque de détail en Belgique. Une telle opération obligerait manifestement à couper dans les effectifs. "La Belgique reste surbancarisée malgré les derniers regroupements, le problème des effectifs devra être traité un jour", explique Jean Sassus, analyste chez Raymond James. Ensemble, Fortis et Dexia disposeraient de 3.000 agences pour un pays qui compte 10 millions d'habitants, ce qui est très élevé.D'autre part, il n'est pas exclu que la pression des différents actionnaires ait contraint le conseil d'administration à rejeter massivement un premier contact avec Fortis. L'incertitude prévaut quant à l'attitude des communes belges qui détiennent 16,5% du capital de Dexia, tout comme sur celle de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), actionnaire à 8,6%. Ces différentes entités ne verraient pas forcément d'un bon oeil qu'une activité aussi stratégique que le financement local passe dans d'autres mains. De fait, l'activité de financement des collectivités locales, qui est la vache à lait du groupe, occupe une position hautement stratégique et se révèle donc des plus sensibles au niveau politique. En "étant actionnaires et clientes à la fois, les communes et la CDC (l'Etat français) souhaitent probablement garder un droit de regard sur l'activité de financement local", ajoute l'analyste. D'ailleurs, les communes ont démenti ce matin les rumeurs qui leur prêtaient l'intention de sortir du capital de Dexia en contrepartie d'une montée dans celui de Suez pour participer au contrôle d'Electrabel (voir ci-contre). Quoi qu'il en soit, la "combinaison des activités de financement local et de banque commerciale pourrait être un obstacle à l'évolution future de Dexia", souligne Jean Sassus. En effet, le financement public est très attrayant pour un groupe bancaire mais reste rattaché à la banque de détail encore trop peu rentable. Dans ces conditions, l'avenir de la banque franco-belge pose des questions dans un paysage bancaire européen en mouvement.Du côté des marchés financiers, les investisseurs continuent de croire à un éventuel rapprochement des deux groupes malgré le démenti de Dexia. Le titre de la banque a clôturé en hausse de 1,46% à 18,80 euros à la Bourse de Paris. Mais ces spéculations pourraient s'évaporer alors que le président de Fortis, Jean-Paul Votron, a déclaré jeudi soir que son groupe ne lancerait pas d'offre hostile sur son homologue franco-belge.
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