Opération de communication pour les tenants de la télévision sur mobile. Et comme toujours TF1 n'a pas hésité à sortir les grands moyens. Son patron Patrick Lelay a invité dans ses locaux les patrons des groupes partenaires - Bouygues, Orange et France Télécom - pour présenter ce qui n'est encore qu'un projet sur transparents. C'est d'ailleurs cette occasion qu'a choisi Didier Lombard, fraîchement propulsé à la tête de France Télécom après la nomination de Thierry Breton à Bercy, pour faire sa première apparition publique.Objet de l'invitation, l'annonce d'une association entre les différents groupes afin d'expérimenter la télévision sur mobile, d'en tester la faisabilité technique, d'étudier les usages les mieux adaptés et de définir un modèle économique. Ces expérimentations sont toutefois soumises à une condition: l'obtention d'une fréquence hertzienne auprès du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Les partenaires vont faire leur demande officielle auprès du conseil des sages pour obtenir une licence de 6 mois, pour 200 utilisateurs tests. Sur ce terrain, ils n'hésitent d'ailleurs pas à s'avancer sur la réponse du Conseil. "Nous avons pris des contacts auprès du CSA. Nous sommes confiants", a lancé Emmanuel Florent, le patron du bouquet de télévision payante TPS.En janvier dernier, Canal+, en compagnie de SFR, Nokia et Towercast, a fait une demande similaire, désirant lui aussi obtenir une fréquence d'expérimentation pour 6 mois et pour 500 utilisateurs.Reste que pour l'instant le Conseil n'a pas statué sur l'usage qui serait réservé au dernier multiplexe de fréquences hertziennes, le fameux R5, laissé vacant par la télévision numérique terrestre (TNT). Il reste encore 5 ou 6 canaux à répartir. Le R5 pourrait servir à faire de la télévision haute-définition et le nombre de canaux disponibles serait alors revu en baisse. Autre projet: octroyer le multiplexe à de la télévision locale, comme évoqué en janvier par le CSA. En somme, toutes les options sont pour l'instant envisageables, sans que rien ne laisse présager de la réponse du Conseil, bien que le ministre délégué à l'Industrie Patrick Devedjian ait dernièrement fait part de son souhait de voir les industriels français se mettre sur le créneau de la télévision mobile.La télévision sur mobile reste une équation à plusieurs inconnues. D'ailleurs, pour l'instant, personne ne s'aventure à prédire l'avenir de ce nouveau service. Tout juste les industriels se bornent-ils à préciser que la norme d'expérimentation sera le "DVB-H", à l'instar de Canal+ et de ses partenaires, car c'est "la norme adoptée en Europe", a précisé Emmanuel Florent. Un bouquet composés de chaînes de TPS, incluant LCI, TF1, M6, Eurosport, Tfou... sera testé auprès des utilisateurs. Avec un objectif: "capter les téléspectateurs à des créneaux horaires inhabituels, quand ils écoutent la radio par exemple", a expliqué Emmanuel Florent. Pour les partenaires, la télévision sur mobile sera un service complémentaire, que ce soit pour les opérateurs télécoms ou les chaînes de télévision. Encore faudra-t-il lui trouver un modèle économique satisfaisant. "Même au Japon ou en Corée, on n'a pas encore trouvé le moyen de faire gagner beaucoup d'argent à tout le monde, tout en permettant au téléspectateur de s'y retrouver", a avoué Martin Bouygues, le patron du groupe éponyme.Une tendance pourrait vite se dessiner. "La publicité ne permet pas de financer 100 chaînes en France. Donc c'est plutôt vers l'abonnement que nous nous orientons. C'est pourquoi c'est TPS qui est mis en avant et non pas TF1. Nous voulons à la fois pousser les chaînes en clair et vendre du bouquet", a expliqué Patrick Le Lay. En dépit du peu d'éléments dont ils disposent, les industriels y croient, forts de leur expérience dans le balbutiant UMTS. "Nous frisons les 50.000 abonnés à l'UMTS, qui consultent en moyenne ces services 25 minutes par mois", a assuré Didier Lombard. De quoi espérer un futur radieux pour ces nouveaux services.

latribune.fr

19 Oct 2008, 21:11

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