Un bon coup de fourchette ?

Arlésienne du marché depuis le début de l'année, l'introduction en Bourse d'EDF vient d'être enfin officiellement lancée vendredi. L'événement est de taille: ce devrait être la plus importante mise sur le marché dans le monde depuis quatre ans. L'électricien doit lever 7 milliards d'euros d'argent frais et la fourchette de prix fixée par l'Etat valorise l'entreprise jusqu'à 62 milliards d'euros... Conformément à la tradition, les particuliers vont bénéficier d'une petite ristourne d'un euro par action par rapport aux institutionnels. Le PDG d'EDF, Pierre Gadonneix, espère en attirer 4 millions. Mais du côté des institutionnels, on sent poindre une certaine grogne. Arrêtée jeudi soir, la fourchette de prix, allant de 29,50 à 34,10 euros, a surpris bon nombre d'intervenants. On l'attendait plutôt autour de 26 voire 24 euros. Cette fourchette est-elle la bonne? Des analystes observent que ce prix valorise EDF plus cher que son grand concurrent allemand, E.ON, pourtant le plus rentable en Europe, autour de neuf fois son excédent brut d'exploitation estimé contre moins de six fois pour E.ON ou un autre allemand, RWE. Des gérants s'étonnent que les banquiers introducteurs et l'entreprise n'aient pas attendu de passer sous les fourches caudines du "prémarketing", phase durant laquelle il leur est permis de sonder l'appétit des investisseurs, pour fixer ladite fourchette. Déjà, certains réclament un abaissement du prix proposé. L'entreprise, ses banques et le gouvernement ont jusqu'au 18 novembre pour décider un ajustement. L'enjeu est d'importance: se doter d'une bonne fourchette s'avère souvent la clef de la réussite d'une introduction. Même les arrogants patrons de Google l'ont compris, à l'été 2004, en acceptant de réduire considérablement leurs prétentions. Bien leur en a pris, au regard de la performance, depuis, de l'action du moteur de recherche! A l'inverse, Eutelsat s'est résolu trop tard à minorer de 20% sa fourchette initiale, excessive de l'avis de tous, notamment par rapport à la valorisation de son concurrent SES Global. L'opérateur de satellites a finalement renoncé à son introduction, pour la seconde fois. Un double échec qui devrait dissuader les actionnaires actuels d'Eutelsat de remettre trop vite le couvert...
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.