Après Daniel Bernard, un autre patron de la distribution française vient d'être remercié. Dans un communiqué, Casino a en effet annoncé le départ de son directeur général, Pierre Bouchut, 49 ans. Le groupe a ainsi confirmé des informations publiées un peu plus tôt par latribune.frLe limogeage de cet ancien directeur financier, présent depuis quinze ans dans le groupe stéphanois, et promu l'année dernière à la direction générale du groupe vient tout juste d'être entériné par un conseil d'administration exceptionnel, décidé dès jeudi soir par son président Jean-Charles Naouri. C'est-à-dire au lendemain de la présentation de résultats 2004 par Pierre Bouchut lui-même, résultats qui avaient montré une bonne résistance des enseignes du groupe en France dans un contexte de guerre des prix.Mais après le rachat des parts de la famille Baud au capital de la chaîne de supermarchés discount Franprix-Leader Price, la dette financière nette, égale à 3,1 fois le cash-flow 2004 et à 111% des fonds propres au 31 décembre 2004 (3,8 milliards d'euros) et supérieure aux anticipations de certains brokers, a vivement inquiété les marchés. Ainsi que l'importance des engagements hors bilan (2,4 milliards d'euros). Au lendemain de la publication des résultats, l'action Casino signait la plus forte baisse du CAC 40, avec un repli de 2,4%, mettant un terme à la remontée constatée depuis le début de l'année (+3,4%). Un arrêt qui a fait suite au recul de plus de 20% de l'action en 2004.Intervenant quelques semaines à peine après le limogeage du président de Carrefour, Daniel Bernard, cette opération met en lumière la crise grave que traverse le modèle français de la distribution. Jean-Charles Naouri, premier actionnaire du groupe Casino à travers ses holdings Euris et Rallye, va prendre la direction opérationnelle du groupe à un moment où la guerre des prix fragilise les grandes enseignes de la distribution alimentaire en France. S'il s'était, ces dernières années, rapproché de l'opérationnel, en se faisant nommer l'année passée président du groupe Casino, cette brutale reprise en main, conseillée par son ami Alain Minc, n'a pas été sans surprendre plusieurs membres du conseil d'administration de Casino. "C'est une chose de réfléchir vite et bien sur des dossiers, et une autre de manager des hommes quand on ne l'a jamais fait", a fait remarquer un administrateur à la sortie du conseil.Dans la communauté financière, la prudence est aussi de mise ce lundi, les observateurs attendant d'en savoir plus sur les raisons de ce débarquement et sur la stratégie à venir. Reste que les inquiétudes semblent limitées. Chez Global Equities, on souligne notamment que "M. Naouri est considéré comme un bon financier". En fin d'après-midi, le titre gagne 3,7%.

latribune.fr

19 Oct 2008, 20:12

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