David contre Goliath, ou règlement de comptes au pays des puces ?

En début de semaine, AMD, deuxième fabricant mondial de semi-conducteurs pour PC, a porté plainte aux Etats-Unis contre Intel, le leader du marché, pour abus de position dominante. Dans le secteur technologique, la démarche est relativement fréquente, mais ici elle interpelle tant en raison de son ampleur que des faits reprochés. AMD accuse en effet son concurrent d'avoir maintenu illégalement son monopole sur le marché des processeurs x86 en menant des opérations "de coercition" auprès des clients. Et de citer 38 clients (dont HP, Dell, Sony...) qui auraient été victimes des agissements du numéro un mondial. AMD considère donc que si, malgré des produits meilleurs et moins chers, il n'est pas parvenu à s'imposer sur le marché, c'est à cause des méthodes déloyales d'Intel. Lesquelles méthodes sont détaillées dans un rapport de 48 pages. Ainsi selon AMD, certains dirigeants auraient presque été contraints physiquement par Intel d'abandonner les produits AMD ou forcés d'acheter à Intel, sous peine de rétorsions commerciales ou techniques.Mais alors que généralement, ce genre de plainte fait l'objet d'un communiqué auprès des principales agences de presse et de quelques mails à des journalistes spécialisés, AMD a carrément inondé les principales rédactions de la planète et s'est même fendu de plusieurs pages de publicité dans la presse écrite dont le célèbre New York Times. Face à ces accusations et après deux jours de silence, les dirigeants d'Intel ont tout réfuté, rappelant que leur société avait toujours "respecté les lois des pays dans lesquels elle opérait". La procédure, qui prendra sans doute de longues années avant d'être réglée, ressemble, au premier abord, au combat du gentil David (AMD) contre le méchant Goliath (Intel). Et l'on est d'autant plus porté à soutenir AMD qu'Intel a déjà été condamné pour abus de position dominante et a reconnu avoir fait du dumping auprès des fabricants japonais.Mais à y regarder de plus près, la procédure d'AMD est troublante. D'abord parce qu'aucune des sociétés citées par le challenger n'a confirmé les accusations. Ensuite, même si certains produits d'AMD sont meilleurs que ceux d'Intel, l'outsider n'offre pas aux clients une couverture technologique aussi large que celle de son concurrent. En procédant ainsi, AMD souhaite s'attirer les sympathies des juges et du public. En fait, la démarche ressemble plutôt à la tentative d'un compétiteur, impuissant à dépasser les 20% de parts de marché, et qui essaye par tous les moyens d'inverser la tendance en sa faveur.
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