Près de 4,5 millions de chômeurs en France, selon un collectif d'associations

Le chiffre officiel du chômage communiqué chaque mois exclut plus de la moitié des demandeurs d'emploi inscrits à l'ANPE, selon le collectif "Les autres chiffres du chômage". En fait le nombre de chômeurs visibles ou invisibles reste inchangé depuis 15 ans et en-deçà de la réalité du fait d'un certain nombre personnes non inscrites ou non comptabilisées.

Voilà un bilan des statistiques du chômage qui ne saurait plaire à Jean-Louis Borloo, ministre de l'Emploi. Alors que le chiffre du chômage pour le mois de novembre sera publié jeudi soir, un collectif d'associations critique le décompte du nombre de chômeurs fait par les pouvoirs publics. En effet, "plus de la moitié des personnes inscrites à l'ANPE, soit 2.276.000 demandeurs d'emploi, ne sont pas comptabilisées dans les statistiques officielles", indique le collectif "Les autres chiffres du chômage" dans une note rendue publique mercredi.

Le chiffrage de ce collectif créé par le Réseau d'alerte sur les inégalités (Rai) qui regroupe des associations, des chercheurs et des syndicats, est difficilement contestable étant donné qu'il se fonde sur les statistiques publiées par l'Insee et le ministère de l'Emploi. D'où il ressort qu'il y avait en septembre 2006 4.450.000 demandeurs d'emploi en France si l'on ajoute aux chômeurs "invisibles", c'est-à-dire non comptabilisés dans le chiffre mensuel, les 2.172.000 chômeurs officiellement recensés. Depuis le début des années 80 la part des demandeurs d'emploi exclus des statistiques mensuelles a fortement augmenté, passant de 10% du total en 1982 à plus de 50% en 2006.

A cela, le collectif voit au moins deux raisons. La première est la manière dont les chômeurs sont classés, chacune des catégories étant prise en compte ou non dans le baromètre officiel. Aujourd'hui, cinq catégories de demandeurs d'emploi inscrits à l'ANPE sont exclues du chiffre mensuel: les chômeurs des DOM (220.000 en septembre 2006); les demandeurs d'emploi temporaire ou à temps partiel (871.000); les chômeurs âgés dispensés de recherche d'emploi (412.000, les personnes non indemnisées par l'Unedic n'étant pas comptabilisées) et les demandeurs d'emploi non immédiatement disponibles, comme les personnes en stage ou occupant un emploi aidé (321.000).

Seconde raison de cette sous-estimation de la réalité du chômage, les pratiques d'inscription des chômeurs à l'ANPE. Par exemple "les Rmistes sont de plus en plus dissuadés de s'inscrire à l'ANPE", dénonce le collectif, disparaissant ainsi des statistiques même "invisibles". De même, les personnes inscrites comme recherchant un emploi temporaire ou à temps partiel au lieu d'un CDI à temps plein le sont parfois contre leur gré. Malgré ces "artifices statistiques", le chômage "se maintient à un niveau structurellement élevé" depuis le début des années 1990. Et le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à l'ANPE "demeure inflexible autour de 4,5 millions" depuis 15 ans.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.