Avec Sportfive, Lagardère entre de plain-pied dans le business du sport à la télé

Le groupe Lagardère a signé dimanche l'acquisition de Sportfive et reprend 100 % du capital, réparti entre Advent et Goldman Sachs (65 %), RTL Group (25%) et le management (10 %) en déboursant 865 millions d'euros. Il l'emporte face à d'autres hommes d'affaires comme Robert-Louis Dreyfus, l'actionnaire de l'Olympique de Marseille (et de Neuf Telecom), ou Stéphane Courbit, le producteur patron d'Endemol France.

Avec l'acquisition de la totalité du capital de Sportfive pour 865 millions d'euros, Arnaud Lagardère entre dans le coeur du business sportif. "Cette acquisition s'inscrit dans le cadre d'une stratégie de long terme de renforcement de la présence du groupe dans les contenus médias à fort potentiel de croissance et à caractère exclusif" indique le groupe Lagardère ce lundi matin dans un communiqué.

Sportfive était né en 2001 du regroupement de la société française de Jean-Claude Darmon, de la filiale de Canal + (Canal Plus Sport) et de celle de RTL Group (UFA Sport). Advent et Goldman Sachs avaient repris en 2004 quelque 65 % du capital pour une valeur d'entreprise de 560 millions d'euros.

Mais la gestion du fonds d'investissement a mécontenté certains clients comme la Fédération française de football (FFF). Malgré tout, Advent a réussi à renouveler le contrat prestigieux de l'Euro 2008 avec l'Union Européenne de Football Association (UEFA).

Sportfive réalise plus de 70 % de son chiffre d'affaires en Allemagne. La société gère un portefeuille de droits de plus de 250 clubs (dont le PSG, Lyon, Monaco), et de 50 des principales fédérations et ligues européennes de football dont la Champion's Ligue. Elle joue un rôle d'intermédiaire entre les organisateurs d'événements sportifs d'un côté et les diffuseurs et sponsors de l'autre et intervient sur l'ensemble de la chaîne des droits du marketing sportif, de la publicité dans les stades aux programmes d'hospitalité pour sponsoriser les équipes, en passant par le conseil auprès des stades et surtout la vente de droits de rediffusion au niveau international.

Sportfive prévoit un chiffre d'affaires cette année de 526 millions d'euros, à 90 % dans le football pour un résultat brut d'exploitation (EBITA) de 55 millions d'euros. Cette acquisition représente donc autour de 7 % du chiffre d'affaires de Lagardère Media et sera relutive immédiatement pour l'acquéreur.

Elle permet surtout au groupe dont les perspectives de développement dans l'audiovisuel étaient limitées, de trouver une voie alternative à la possession de chaînes de télévision, en s'inscrivant en amont dans la détention de contenus exclusifs. S'il est aujourd'hui actionnaire à 20 % du nouveau groupe Canal Plus France, avec une option pour monter à 34 %, Lagardère restera en effet un acteur minoritaire de cet ensemble. Arnaud Lagardère estime donc aujourd'hui qu'il a une carte à jouer dans les contenus pour la jeunesse (avec ses chaînes pour enfants Gulli, Canal J, Tiji), et dans le sport, deux domaines qui ont une vocation internationale.

Sportfive lui ouvre la porte du football européen, un marché estimé à 10 milliards d'euros. C'est un pas important dans le sport, après des entrées plus modestes : la création du Team Lagardère (mécénat sportif) en 2005 et la concession du complexe de la Croix Catelan, au Bois de Boulogne, confiée par la ville de Paris.

Cette opération fait oublier l'échec du soutien, via le Club entreprises que dirigeait Arnaud Lagardère, à la candidature de Paris au JO de 2012. C'est aussi un signe de plus de la volonté de l'héritier de Jean-Luc Lagardère, de réorienter son groupe résolument vers les médias, en s'écartant de la défense et de l'aéronautique.

A la Bourse de Paris, le titre Lagardère a cédé 1,24% à 55,80 euros.

Les chiffres clés du groupe Lagardère
Outre son activité média, le groupe détient une participation de 15% dans EADS (aéronautique, défense). Le groupe Lagardère a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 7,9 milliards d'euros et dégagé un résultat net de 431 millions.
Les quatre métiers de Lagardère Média sont :
- l'édition : Hachette Livres (Hachette, Larousse, Hodder Headline...).
Chiffre d'affaires 2005 : 1,644 milliard d'euros
- la presse : Hachette Filippachi Media
N°1 de presse magazine grand public dans le monde en terme de nombre de titres (260 titres, dont 200 à l'international) et de nombre d'implantations (41 pays). Elle, Paris Match, Car & Drivers...
Chiffre d'affaires 2005 : 1,863 milliard d'euros.
- l'audiovisuel : Lagardère Active
Le groupe contrôle des radios Europe 1, Europe 2, RFM, 17 radios à l'étranger,(11 chaînes thématiques: MCM, Europe 2 TV, Canal J, Gulli... et 16sociétés de production: (GMT Productions, DEMD Productions, Angel Productions...).
Chiffre d'affaires 2005 : 621 millions d'euros.
- la distribution : Hachette Distribution Services
Magasins Virgin, Relay, Librairies Payot...
Chiffres d'affaires 2005 : 3,78 milliards d'euros.

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