Spinetta : l'alliance entre Air France et Alitalia doit "créer de la valeur"

Jean-Cyril Spinetta, le patron d'Air France-KLM, n'envisage de rapprochement avec Alitalia que s'il est "créateur de valeur pour les actionnaires et salariés". Jeudi dernier, le groupe avait dit explorer l'hypothèse d'une fusion avec la compagnie italienne, tout en exigeant au préalable sa profonde restructuration pour ce mariage.

Un rapprochement entre Air France-KLM et Alitalia? Pourquoi pas, si ce projet est créateur de valeur et n'a pas d'impact négatif sur l'emploi dans le groupe. C'est en substance la réponse apportée dimanche par Jean-Cyril Spinetta, le patron du transporteur aérien franco-néerlandais, pour dissiper les inquiétudes concernant l'éventualité d'une alliance avec la compagnie italienne, actuellement en proie à d'importantes difficultés financières.

"Nous n'irons qu'à condition que ce soit créateur de valeur pour les actionnaires et les salariés d'Air France-KLM et que cette opération n'appauvrisse pas le groupe. Ça ne doit pas se faire par des suppressions d'emplois, j'ai la responsabilité de 100.000 salariés et je ne les embarquerai pas dans une aventure absurde", a-t-il insisté sur l'antenne d'Europe 1. Jeudi dernier, les deux compagnies aériennes avaient en effet annoncé être engagées dans une phase de discussions "exploratoires" en vue d'une éventuelle fusion.

Jean-Cyril Spinetta a rappelé qu'aucune négociation, à proprement parler, n'était pour le moment engagée, et a souligné une nouvelle fois que l'hypothèse de ce rapprochement restait subordonnée à trois conditions: qu'Alitalia redresse ses comptes, que les deux compagnies partagent la même vision stratégique et que des synergies puissent être dégagées. Le président d'Air France-KLM a jugé sur Europe 1 qu'Alitalia avait accompli de "réels efforts" pour réduire ses coûts mais qu'elle devait encore redéfinir sa stratégie commerciale...

Jean-Cyril Spinetta pèse ses mots et appelle la compagnie italienne à rationaliser son réseau de lignes aériennes, en concentrant notamment ses activités vers Milan pour en faire une véritable plate-forme de correspondance, aux dépens de la capitale du pays moins fréquentée. "Les marchés d'affaires sont plutôt au Nord tandis que Rome est une capitale politique. Le centre de gravité doit être ici ou là et non ici et là. Ca ne veut pas dire qu'il faille fermer l'un des deux aéroports mais il faut mettre l'inflexion sur l'un des deux", a observé le patron d'Air France-KLM.

Alors que le président Jacques Chirac avait jugé vendredi ce rapprochement "souhaitable" à l'issue du sommet franco-italien de Lucques en Toscane, le chef du gouvernement italien Romano Prodi s'était montré plus réservé, s'interrogeant sur les "vraies intentions d'Air France". "Je n'ai pas l'ambition de m'emparer du marché italien, il ne m'appartient pas. Il m'intéresse, mais on ne peut pas faire un hold-up sur un marché", a répondu Jean-Cyril Spinetta. Celui-ci a d'ailleurs précisé que l'identité de la compagnie italienne serait respectée si le projet aboutissait, comme c'est le cas pour Air France et KLM depuis la création du groupe, il y a trois ans.

Le contraste entre Air France-KLM, première compagnie aérienne mondiale en termes de chiffres d'affaires, et Alitalia est saisissant: la première affiche une des meilleures rentabilités du secteur alors que la situation financière de la seconde "échappe à tout contrôle", selon une expression employée récemment par le président du Conseil italien, Romano Prodi.

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