Bruxelles veut restreindre le CO2 dans l'aviation

La Commission européenne a proposé de faire entrer l'aviation dans le système de Kyoto. Les vols intracommunautaires seront concernés dès 2011 et ceux venant de pays tiers l'année suivante.

Bruxelles veut plafonner les émissions de CO2 dans l'aérien. Selon le texte présenté mercredi, les compagnies aériennes se verront allouer des quotas, équivalent à leurs émissions de 2005. Et elles devront acheter des "droits de polluer" pour tout dépassement. Cette contrainte s'appliquera dès 2011 aux compagnies effectuant des vols intra-européens. L'année suivante, elle sera étendue à toutes les compagnies qui font atterrir ou décoller des appareils d'un aéroport européen.

"Ainsi, nous avons un an pour expliquer à nos partenaires (extra-européens) comment fonctionne notre système", explique le Commissaire à l'Environnement, Stavros Dimas. Ce délai de grâce a été inclus in extremis à la demande du Commissaire français aux Transports, Jacques Barrot. Les compagnies américaines, notamment, verraient d'un très mauvais oeil ce système auquel elles vont devoir se conformer.

Le secteur aérien va ainsi rejoindre, dans le protocoles de Kyoto, les industries les plus polluantes (papier, ciment, énergie), dont les émissions de CO2 sont déjà encadrées au sein de l'Union européenne (UE). Le transport aérien ne représente certes que 3% du CO2 émis en Europe. Mais ce type de transport est très polluant: un aller retour Londres-New York génère autant de CO2 qu'une année de chauffage d'une maison pour un Européen. Et du fait de l'accroissement du trafic, ces émissions ont quasiment doublé depuis 1990. En outre, réalisées en altitude, elles seraient bien plus nocives pour la couche d'ozone.

Les compagnies aériennes ne cachent pas leur inquiétude face à cette proposition. Elles devraient se livrer à un intense lobbying lors du passage du texte au Parlement européen et devant les Vingt-Sept. L'Iata (Association internationale du transport aérien) commence à agiter les estimations du coût engendré pour les compagnies: près de trois milliards d'euros lorsque le système se mettra en place "et bien plus les années suivantes", selon le chef économiste de l'organisation. Les compagnies qui ne tiennent pas leurs quotas devront en effet acheter le surplus sur la "Bourse au carbone", auprès d'industries plus vertueuses et donc "vendeuses" de CO2.

Toutefois, l'objectif de la Commission n'est pas tant de faire payer les pollueurs que d'inciter à la limitation des émissions. "De nombreux appareils de la flotte actuelle ont un potentiel d'amélioration", relève Bruxelles. Et de souligner que les compagnies gagneraient à travailler sur une meilleure pénétration dans l'air des appareils, sur des nouveaux moteurs mais aussi sur une optimisation des itinéraires.

Bruxelles reconnaît que "les compagnies vont sans doute répercuter, dans une large mesure ou même intégralement, les coûts de mise en oeuvre sur leurs clients". Résultat: le prix d'un aller-retour pour New York pourrait grimper de 40 euros. La Commission relève toutefois que cette hausse "n'aura qu'un effet limité sur la demande" Au lieu d'une croissance de 142% entre 2005 et 2020, le secteur devrait se "contenter" d'une hausse de 135%. En outre, Bruxelles relève que cette augmentation est moindre que celle engendrée par la hausse des prix du pétrole.

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